La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, promet de dévoiler la semaine prochaine quelques mesures, des «petits ajouts», mais pas un mini-budget, afin de stimuler l'économie, une option qu'elle écartait jusqu'à maintenant. Elle rejette toutefois la proposition de l'ADQ d'adopter un vaste plan d'action qui ferait grimper les dépenses publiques.

Lors d'un point de presse hier, la grande argentière du gouvernement a adopté un discours prudent afin de ne pas gonfler les attentes. Les mesures à venir ne représenteront pas un «Big Bang», ce que réclame selon elle l'opposition, ni un «mini-budget». Ce seront des «petits ajouts» pour «apporter un correctif». Elles seront annoncées lors du dépôt de sa mise à jour économique, la semaine prochaine.

 

Jusqu'ici, le gouvernement avait toujours dit qu'aucune nouvelle mesure n'était nécessaire et ne serait présentée à cette occasion. Il y a deux semaines, Monique Jérôme-Forget et le premier ministre Jean Charest affirmaient que cette mise à jour ne fera que présenter un état de l'économie et des finances publiques. Le gouvernement a déjà «fait ce qu'il fallait» pour affronter le ralentissement économique, soulignait M. Charest.

Le premier ministre avait alors annoncé la création d'une équipe de vigilance pour suivre la situation économique, une équipe composée de la Banque Nationale, du Mouvement Desjardins, de la Caisse de dépôt, de l'Industrielle Alliance et de Power Corporation notamment. Leurs premiers constats sont inquiétants. «Ils nous ont dit que ça allait très mal», a affirmé Mme Jérôme-Forget. Ces propos tranchent avec les déclarations plutôt rassurantes que la ministre tenait jusqu'à maintenant. La ministre s'est dite préoccupée du sort des entreprises dont l'accès au crédit est limité, voire «gelé». Elle a laissé entendre que ses «petits ajouts» leur viendraient en aide.

Autrement, Monique Jérôme-Forget n'a pas voulu préciser la nature exacte des mesures à venir. «Vous verrez, a-t-elle répondu aux journalistes. La mise à jour va manifestement comprendre des aménagements.» Elle écarte l'idée de baisser la TVQ sur certains produits manufacturiers comme le suggère l'ADQ. Elle rejette aussi l'adoption d'un train de mesures qui plongerait le Québec en déficit.

Si l'Ontario prévoit un déficit de 500 millions cette année, Québec maintiendra l'équilibre budgétaire cette année et l'an prochain, a-t-elle assuré. «On me reproche des fois d'être proche de ma sacoche, mais je l'ai tellement été que j'ai des réserves.»

L'ADQ va talonner la ministre

L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité, hier, une motion déposée par l'ADQ demandant au gouvernement de déposer, d'ici le 25 novembre, «un plan d'action pour atténuer les effets du ralentissement économique». Ce plan doit comprendre des mesures pour «stimuler la consommation des ménages» et «préserver le pouvoir d'achat de la classe moyenne».

Si les libéraux ont voté en faveur de cette motion, ils n'entendent pas la respecter à la lettre. «Il y a déjà un plan en marche depuis deux ans. Je le maintiens et le mets à jour», a dit Monique Jérôme-Forget. Elle a rappelé les baisses d'impôts d'un milliard de dollars et les investissements dans les infrastructures qui ont donné un coup de pouce à l'économie.

L'ADQ ne se satisfait pas des «petits ajouts» promis par la ministre. «Si elle dit oui à la motion, elle va devoir la respecter. On ne lâchera pas le ballon là-dessus», a assuré son porte-parole en matière de finances, Gilles Taillon. Selon l'ADQ, en plus d'une baisse de la TVQ sur certains produits, le gouvernement devrait geler tous les tarifs, d'hydroélectricité par exemple, pour donner un peu d'oxygène à la classe moyenne.

Le Parti québécois talonnera lui aussi le gouvernement. «Quand on est en train de se battre avec la Nouvelle-Écosse pour le dernier rang des provinces au chapitre de la croissance, ce n'est pas des petits ajouts qu'on a besoin, c'est vraiment d'un plan majeur», a lancé son critique en matière de finances, François Legault.