Le Québec risque de sortir affaibli après le scrutin du 14 octobre à cause des attaques répétées de Jean Charest et de ses principaux ministres contre les conservateurs, estime le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont.

Selon lui, ces nombreuses attaques pourraient faire pencher la balance en faveur du Bloc québécois, au détriment de candidats conservateurs talentueux qui pourraient aspirer à un portefeuille ministériel. Résultat : les Québécois pourraient voir leur poids politique réduit au conseil des ministres.

Dans une entrevue exclusive accordée à La Presse, le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale ne mâche pas ses mots envers Jean Charest.

« Il y a un risque certain que les interventions de Jean Charest et des autres ministres aient pour effet de remplacer des ministres du Québec par des Ontariens et des gens de l'Ouest », a affirmé M. Dumont.

« Ce dont on se rend compte, finalement, c'est que Jean Charest, pour se donner une image de pseudo-nationaliste pendant quatre semaines, est peut-être en train d'affaiblir le Québec pour quatre ans », a ajouté le chef adéquiste.

« Dans les faits, pour quelqu'un qui est vraiment nationaliste, qui est vraiment préoccupé par la force et les intérêts du Québec, au net, c'est un recul, un affaiblissement du Québec », a-t-il encore dit.

Tous les sondages réalisés depuis le début de la campagne électorale laissent entrevoir une victoire des conservateurs aux élections du 14 octobre. La seule incertitude est de savoir s'ils formeront un gouvernement majoritaire ou minoritaire.

Les stratèges conservateurs tablaient sur des gains dans plusieurs circonscriptions du Québec, mais le Bloc québécois livre une rude bataille au PCC dans toutes les circonscriptions situées à l'extérieur de la région de Montréal. Dans la métropole, la bataille met aux prises le Bloc québécois et le Parti libéral.

« Le prochain gouvernement ne sera pas néo-démocrate. Il ne sera pas bloquiste non plus. Et je ne pense pas qu'il sera libéral.

À moins d'un revirement et d'une surprise vraiment majeure, on aura un gouvernement conservateur. Si les interventions du premier ministre du Québec ont pour effet de faire disparaître des Québécois au conseil des ministres pour les remplacer par des Ontariens ou des gens de l'Ouest, je ne crois pas qu'il pourra, comme premier ministre, dormir tranquille et se dire qu'il a bien servi l'intérêt du Québec », a dit M. Dumont.

Réveil tardif

C'est l'appel à la mobilisation fait par le ministre québécois du Développement économique, Raymond Bachand, en faveur du candidat conservateur dans Vaudreuil-Soulanges, Michael Fortier, qui a fait réagir M. Dumont.

« C'est un espèce de réveil que cette déclaration de Raymond Bachand. C'est une intervention un peu tardive et un peu bidon. Il s'agit d'un petit retour d'ascenseur dans le cas de Michael Fortier », a dit M. Dumont, en allusion à l'appui qu'a donné M. Fortier aux libéraux de Jean Charest aux élections provinciales de mars 2007.

En entrevue, M. Dumont a dit souhaiter que les électeurs de Rivière-des-Mille-Îles votent pour le candidat conservateur Claude Carignan, ancien maire de Saint-Eustache. M. Carignan sera assurément promu au cabinet s'il remporte la victoire, ont confirmé des sources conservatrices à La Presse sous le couvert de l'anonymat.

« Claude Carignan a un appui ferme des députés adéquistes dans cette région. Il est un ami personnel et l'un des fondateurs de l'ADQ. Je n'ai pas le moindre doute que, s'il est élu, il siégera au conseil des ministres », a dit Mario Dumont.

Il a affirmé que les attaques de M. Charest pourraient masquer d'autres ambitions : « Je lui prête toujours l'intention de souhaiter un gouvernement minoritaire à Ottawa parce que, dans son cheminement de carrière, c'est là qu'il veut aboutir. La présence d'un gouvernement minoritaire garde toujours la porte entrouverte. Je n'ai pas le moindre doute qu'il a toujours l'ambition de retourner à Ottawa. »