Les enquêteurs de la Sûreté du Québec sont sur le point d'interroger l'ancienne lieutenante-gouverneure, Lise Thibault, sur les allégations accablantes faites il y a plus d'un an par le Vérificateur général du Québec.

Dans son rapport lapidaire, le vérificateur Renaud Lachance avait soulevé des doutes sur l'utilisation de plus de 740 000$ de fonds publics par Mme Thibault, durant son règne de 10 années comme représentante du gouverneur général au Québec. On relevait l'utilisation de la carte de crédit de Mme Thibault pour des frais de restaurant, dans plusieurs villes le même jour, et une série de dépenses difficilement justifiables.

 

Hier, la députée péquiste de Taschereau, Agnès Maltais, s'est attiré les foudres de ses collègues libéraux et adéquistes, membres de la Commission de l'administration publique, en soutenant que ses collègues repoussaient sciemment une comparution de Mme Thibault devant les parlementaires.

Selon elle, le président de la commission, Gilles Taillon, a fait preuve «de totale négligence» en ne revenant pas à la charge pour convoquer Mme Thibault. Il a raté deux réunions des députés avec les enquêteurs de la SQ, dénonce Mme Maltais. Quant au libéral Vincent Auclair, «il nous a dit qu'il était contre l'idée de faire témoigner Mme Thibault», a-t-elle soutenu. Si Mme Thibault ne vient pas rapidement témoigner, un report au printemps, qui risque d'être une période électorale, signifie que les contribuables ne sauront jamais ce qui s'est passé, d'accuser la députée péquiste.

«On ne veut pas faire de show de boucane qui viendrait compromettre l'enquête policière», répliqueront d'une seule voix le libéral Vincent Auclair et l'adéquiste Gilles Taillon.

M. Auclair surtout était ulcéré «des faussetés» lancées par sa collègue Agnès Maltais. «C'est archifaux, je suis pour que Mme Thibault vienne témoigner, mais je ne veux pas risquer de contaminer une enquête policière en le faisant», résume-t-il. «Mme Maltais manque sérieusement d'attention pour y aller de telles déclarations. Elle a sérieusement besoin de se faire voir pour convoquer les médias là-dessus», poursuit-il. Selon M. Auclair, la Sûreté du Québec a communiqué avec la secrétaire de la commission, Nancy Ford, pour la prévenir qu'il ne restait que trois témoins à rencontrer, dont Mme Thibault elle-même. Par la suite, la police pourra déposer son dossier au procureur qui décidera s'il y a lieu de poursuivre, explique-t-il. Le vérificateur général avait l'an dernier soutenu qu'à son avis, Mme Thibault devrait rembourser ces fonds.

Du côté de Gilles Taillon, pas question que les parlementaires s'improvisent en enquêteurs de police. «On a vu ce que cela a donné à Ottawa, on ne veut pas rééditer ça», résume-t-il, une allusion aux séances un peu échevelées des députés fédéraux dans le dossier Schreiber.