La plus grande confusion régnait toujours dans les rangs libéraux mercredi à Ottawa au sujet du retour éventuel du député montréalais Nicola Di Iorio, qui a confirmé lundi à La Presse ne plus vouloir démissionner en fin de compte.

L'élu de Saint-Michel-Saint-Léonard avait annoncé en avril son intention de quitter son poste avant la fin de son mandat et avait prononcé un discours d'adieu empreint d'émotion en juin. Coup de théâtre : il a déclaré lundi vouloir finalement demeurer député - et même se présenter à l'élection de 2019 -, ce que les bonzes de son propre parti continuent à nier.

« On n'a aucune nouvelle information », a avancé mercredi Mark Holland, whip du Parti libéral du Canada. « Les dernières fois qu'on a parlé à Nicola, il a dit que sa vie politique était terminée et qu'il voulait continuer comme avocat pour le reste de sa carrière. »

Pas de téléphone

Le whip, qui est responsable de faire régner la discipline dans les rangs libéraux, indique que sa dernière conversation avec M. Di Iorio remonte à plusieurs semaines. Il n'a pas cru bon téléphoner à son collègue lorsque celui-ci a annoncé sa « non-démission » il y a quelques jours.

Mark Holland considère comme une « rumeur » les déclarations qu'a pourtant bel et bien faites Nicola Di Iorio à La Presse et à l'hebdomadaire local Le Progrès Saint-Léonard la semaine dernière sur son intention de rester en politique.

« Certainement, il y a un article, et peut-être que Nicola a dit quelque chose, mais, à mon avis, ce n'est pas un changement », a déclaré M. Holland à La Presse.

« Bizarre »

Cette absence d'empressement du Parti libéral à clarifier une situation de plus en plus confuse surprend Duff Conacher, cofondateur de l'organisme Democracy Watch et professeur à temps partiel à la faculté de droit de l'Université d'Ottawa. 

Il estime que les 111 000 citoyens de Saint-Michel-Saint-Léonard, qui ont élu Nicola Di Ioiro avec 64,7 % des voix en 2015, ont le droit d'avoir l'heure juste.

« C'est bizarre : c'est la responsabilité de M. Di Iorio de dire au whip ce qu'il compte faire, mais c'est aussi la responsabilité du whip de savoir ce que chaque député fait chaque jour », a-t-il souligné.

M. Conacher croit que cette absence de communication pourrait témoigner d'une dissension entre le Parti libéral et M. Di Iorio. Le député s'était déjà montré ouvertement préoccupé par les répercussions de la légalisation du cannabis sur la sécurité publique et il avait critiqué l'absence d'Italo-Canadiens au sein du conseil des ministres de Justin Trudeau. 

« Je pense que le message du whip est que la parti ne veut pas avoir M. Di Iorio comme candidat pour l'élection », a résumé Duff Conacher.

Où est Di Iorio?

Tant le whip Mark Holland que le bureau du premier ministre nous ont référé à Nicola Di Iorio pour obtenir des précisions sur ses intentions, mercredi. Le député, qui est aussi associé au cabinet d'avocats montréalais BCF, était introuvable aujourd'hui.

Un message laissé à son adjointe est resté sans réponse, tout comme un texto et un courriel. L'attaché politique de son bureau de circonscription montréalais nous a indiqué qu'il était à Ottawa, de même que le réceptionniste de son bureau de la Chambre des communes, qui ne l'a pas vu. 

M. Di Iorio n'était pas à la période des questions.

La Presse canadienne avait aussi tenté de joindre M. Di Iorio sans succès, mardi, en plus de se buter aux mêmes explications de la part du whip.