Un certain nombre de partisans qui ont soutenu la candidature de Maxime Bernier dans la course à la direction des conservateurs disent qu'ils ne veulent rien savoir de son projet de créer un nouveau parti, mais une source affirme que le député indépendant a déjà tout ce qu'il faut pour s'enregistrer auprès d'Élections Canada.

Quatre députés et au moins trois sénateurs qui ont appuyé M. Bernier lors de la course de l'année dernière affirment n'avoir aucun intérêt à cautionner ce qu'ils considèrent comme une vue de l'esprit et à encourager un politicien qui a fragilisé les chances du Parti conservateur du Canada de l'emporter contre les libéraux de Justin Trudeau en 2019.

En entrevue avec La Presse canadienne vendredi, M. Bernier a admis qu'il ne s'attendait pas à ce que des membres du caucus se joignent à lui, à un point tel qu'il ne leur avait pas fait part de ses intentions avant de passer à l'action.

Le député dissident a cependant soutenu avoir l'appui de plusieurs membres de la formation politique. Sur les réseaux sociaux vendredi, on pouvait voir des personnes qui seraient prêtes à faire le saut, dont certains délégués présents au congrès conservateur à Halifax qui ont déchiré leur carte de membre après qu'une proposition de résolution sur l'abolition de la gestion de l'offre pour les produits laitiers et la volaille n'eut pas été soumise au débat.

Élections Canada exige que les nouvelles formations politiques aient les signatures et les coordonnées d'au moins 250 personnes déjà membres afin d'être admissibles pour obtenir leur statut de parti. Maxime Bernier aura également besoin de trois personnes qui agiront en tant que fonctionnaire du parti, d'un agent officiel et d'un vérificateur.

M. Bernier a indiqué en entrevue que d'aller rencontrer Élections Canada dans un ou deux mois serait le scénario «parfait», mais une source bien au fait de sa situation a révélé qu'il avait déjà tous les noms requis. Il vérifierait en ce moment les derniers détails avant de passer à la prochaine étape.

«Il en a assez pour aller à Élections Canada, a déclaré cette source, qui s'est exprimée sous le couvert de l'anonymat puisqu'elle ne pouvait discuter publiquement de cette affaire. Cela va arriver.»

Une autre source proche de M. Bernier a déclaré que le député québécois avait fait des appels à des «personnes clés» partout au Canada pour appuyer sa candidature avant même sa conférence de jeudi dernier pour annoncer sa démission du caucus conservateur.

«Une tâche herculéenne»

Selon l'ancien ministre conservateur Stockwell Day, Maxime Bernier est soutenu par des chefs d'entreprise. M. Day a toutefois souligné que le lancement d'un nouveau parti politique était une tâche herculéenne à laquelle tous les partisans ne voudront pas nécessairement participer.

M. Bernier est probablement ragaillardi par le soutien qu'il a reçu, en particulier sur le plan financier, au cours des derniers mois, a noté M. Day. En juin, le lendemain du jour où le chef Andrew Scheer l'avait démis de son poste au cabinet fantôme, M. Bernier avait reçu 28 455 $ en moins de 24 heures.

Mais M. Scheer doit rappeler au parti ce qui arrive quand les conservateurs se séparent, a ajouté M. Day.

«Si M. Bernier réussit même sur papier, le défi pour les conservateurs sera de demander aux gens de regarder l'histoire pour se demander ce que gagnent les conservateurs quand ils ont deux options de vote pour les électeurs. Vraiment, ils ne gagnent rien.»

C'est aussi la peur de l'homme d'affaires Kevin O'Leary.

Lui-même candidat au poste d'Andrew Scheer, M. O'Leary, qui avait retiré sa candidature pour appuyer M. Bernier dans les derniers jours de la course, a affirmé vendredi qu'il tentait de décider quoi faire.

Il a estimé que M. Bernier pouvait gagner jusqu'à un cinquième du soutien des conservateurs aux urnes, ce qui garantirait aux libéraux un autre mandat.

«Je pense que nous devons faire un peu d'introspection ici», a-t-il souligné.

D'autres qui ont soutenu la candidature de M. Bernier à la direction doivent encore se décider.

«Bonne question», a répondu le sénateur Stephen Greene lorsqu'on lui a demandé s'il approuvait la nouvelle initiative du député.

Le député conservateur Alex Nuttall, qui a joué un rôle essentiel dans la campagne à la direction de M. Bernier, n'a pas répondu à plusieurs demandes d'entrevue.