À une semaine du dernier congrès national de son parti avant le scrutin d'octobre 2019, le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, désavoue son principal rival de la dernière course au leadership, le député de Beauce, Maxime Bernier, affirmant que ce dernier ne parle pas au nom de la formation politique qu'il dirige « sur quelque question que ce soit ».

La dernière tirade de M. Bernier sur son compte Twitter dénonçant « le multiculturalisme extrême » du premier ministre, Justin Trudeau, semble être la goutte qui a fait déborder le vase, forçant la main à Andrew Scheer alors qu'il s'apprête à réunir ses troupes conservatrices pour un congrès de trois jours à Halifax.

Dans une déclaration sans appel émise mercredi soir, M. Scheer a laissé entendre que le député de Beauce fait partie de la liste d'élus qui sèment la division au pays. Rappelons que M. Scheer a dépouillé son ex-rival de la course au leadership de son rôle de critique en matière d'innovation au printemps après que ce dernier eut réitéré son appui sans réserve à l'abolition de la gestion de l'offre, alors que la position officielle du Parti conservateur demeure favorable à ce régime.

« Maxime Bernier n'a pas de rôle officiel au sein du caucus et ne parle pas au nom du Parti conservateur du Canada sur quelque question que ce soit », a soutenu M. Scheer.

« Personnellement, je ne suis pas d'accord avec les politiciens de gauche et de droite qui ont recours à la politique pour diviser les Canadiens. Je ne ferai pas ce genre de politique. Les conservateurs célèbrent la diversité du Canada, et un gouvernement conservateur continuera à accueillir les gens du monde entier qui veulent venir ici en raison de la société que nous avons bâtie », a-t-il ajouté.

Le chef conservateur a conclu sa déclaration en disant : « À différents moments, des vagues du monde entier ont contribué à notre histoire et à notre culture, et ont embrassé les principes fondamentaux sur lesquels le Canada a été fondé, dont la paix, l'égalité, la tolérance, la liberté et la démocratie. Nous devons tous faire en sorte que le Canada reste un endroit où les gens du monde entier peuvent venir pour vivre une vie plus riche et plus pacifique ».

Lundi, M. Bernier a rédigé une série de gazouillis en français et en anglais critiquant vertement la politique de Justin Trudeau en matière de multiculturalisme et de diversité.

Dans ces messages, le député de Beauce a convenu que le Canada est un pays immense et que sa diversité le définit et doit être célébrée, mais il a fait valoir que « le multiculturalisme extrême » et « le culte de la diversité » du premier ministre vont finir par diviser les Canadiens en petites tribus qui auront de moins en moins en commun, à part leur dépendance envers le gouvernement. Il s'agit, à son avis, de clientèles politiques qu'on achète avec de l'argent des contribuables et des privilèges.

M. Bernier a aussi soutenu que la balkanisation culturelle amène la méfiance, les conflits sociaux et potentiellement la violence comme on le voit partout. Il est temps de renverser cette tendance avant que la situation n'empire, selon lui.

Le député de Beauce a finalement dit qu'il serait préférable de mettre l'accent sur les traditions culturelles du Canada et sur ce que les gens ont en commun à la place.

Malgré la controverse provoquée par ses gazouillis, M. Bernier en a rajouté mardi soir en remarquant qu'un parc de Winnipeg porte maintenant le nom d'un fondateur du Pakistan, alors que la Ville de Victoria a enlevé une statue de John A. MacDonald, l'un des pères fondateurs du Canada. « L'indépendance du Pakistan a mené à un million de morts », a écrit M. Bernier.

Ces propos lui ont valu une autre volée de bois verts des libéraux de Justin Trudeau et du chef du NPD, Jagmeet Singh.

Au moins trois députés conservateurs, Tony Clement, Erin O'Toole et Michelle Rempel, ont pris soin de prendre leur distancé des propos de Maxime Bernier en publiant une série de messages Twitter au cours des derniers jours.

Avec la Presse canadienne