L'ambassade du Canada à Moscou aura bientôt un nouveau locataire. Le chef de mission d'Ottawa en Russie, John Kur, quittera bientôt ses fonctions, alors que les relations diplomatiques entre les deux pays sont particulièrement tendues.

Le départ prochain de l'ambassadeur a été confirmé à La Presse canadienne par Affaires mondiales Canada. Son rapatriement «s'inscrit dans le cycle de rotation normal, il est en Russie depuis 2013», a précisé John Babcock, porte-parole au ministère.

Il n'a pas voulu préciser quand un nouvel ambassadeur poserait ses valises dans la capitale russe, car «les nominations diplomatiques sont la prérogative du premier ministre», et celle-ci sera donc annoncée «en temps et lieu».

L'arrivée d'un nouvel émissaire surviendra en tout cas alors que les liens canado-russes sont mal en point. Le Kremlin, faut-il le rappeler, a bien mal digéré la nomination de Chrystia Freeland au poste de ministre des Affaires étrangères.

L'élue d'origine ukrainienne a fait l'objet de campagnes de dénigrement télécommandées par l'État et relayées par des organes de propagande médiatique comme Russia 24, lequel a consacré en avril dernier un long reportage de six minutes sur la diplomate en chef du Canada.

Le gouvernement canadien a lui aussi fait les frais d'une attaque moscovite. L'ambassade de Russie au Canada a relayé en juin dernier une déclaration du Kremlin, qui a reproché à Ottawa d'avoir «délibérément choisi de violer ses obligations juridiques internationales» en légalisant le cannabis.

Il a été impossible d'obtenir une entrevue avec John Kur.

Celui qui détenait les clés de l'ambassade à Moscou avant lui, John Sloan, note que le diplomate que choisira Justin Trudeau sera plongé dans un contexte fort différent de celui qu'il a connu alors qu'il était en poste, de 2010 à 2013.

C'était avant l'annexion illégale de la Crimée par le régime de Vladimir Poutine, en 2014. Et depuis, les relations entre la Russie et les pays occidentaux, dont le Canada, «se sont clairement détériorées», a-t-il souligné.

«Selon moi, le nouvel ambassadeur devra voir le monde d'une perspective russe et le décrire ensuite au Canada», a offert le diplomate à la retraite en entrevue téléphonique depuis sa résidence de la Colombie-Britannique.

«Pourquoi les Russes font-ils ce qu'ils font en Ukraine ? Pourquoi les Russes font-ils ce qu'ils font en Syrie ? Pourquoi les Russes font-ils ce qu'ils tentent de faire à l'OTAN et à l'Union européenne ?», a énuméré John Sloan entre autres pommes de discorde.

Mais au-delà des enjeux litigieux, le prochain ambassadeur devrait miser sur les intérêts nationaux que les deux pays ont en commun et «identifier les dossiers sur lesquels nous pouvons travailler avec les Russes», a-t-il fait valoir, citant l'Arctique.

«Nous n'avons pas, au Canada, de politique vis-à-vis la Russie sur l'Arctique, que ce soit en matière d'exploitation des ressources naturelles, de peuples autochtones, de préservation des modes de vie traditionnels», a-t-il soutenu.

«Il y a tant de choses sur lesquelles nous pouvons travailler avec les Russes pour l'Arctique. Cela serait dans notre intérêt mutuel», a plaidé John Sloan.

L'ambassade d'Ottawa à Moscou dessert la Russie, l'Arménie et l'Ouzbékistan et offre des services de visa aux résidents du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan, est-il précisé sur un site internet du gouvernement canadien.