Le Canada n'a pas l'intention de doubler son budget de défense, a insisté le premier ministre Justin Trudeau, mardi, malgré les appels répétés de Donald Trump à tous les pays de l'OTAN pour qu'ils atteignent leurs objectifs fixés en 2014.

M. Trudeau a qualifié cet objectif de 2,0 % du Produit intérieur brut de « raccourci facile » et d'« instrument limité » pour mesurer l'engagement d'un pays à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

En visitant mardi les troupes canadiennes à la base militaire d'Adazi, près de Riga, la capitale de la Lettonie, M. Trudeau a réitéré la rhétorique d'Ottawa : il est toujours possible de mettre plus d'argent dans la défense, mais il faut aussi tenir compte des gestes concrets posés par les différents partenaires de l'OTAN.

Le premier ministre avait confirmé plus tôt mardi que la participation du Canada à la mission de l'OTAN en Lettonie serait prolongée de quatre ans, jusqu'en 2023. De plus, le nombre de militaires consacrés à cette mission sera augmenté de 85, pour atteindre 540 soldats. Le premier ministre Trudeau avait fait ces annonces mardi à Riga après sa rencontre avec son homologue letton, Maris Kucinskis.

Le Canada dirige cette mission de l'OTAN entamée en 2016, qui comprend aussi des troupes de l'Albanie, de la République tchèque, de l'Italie, de la Pologne, de la Slovaquie, de la Slovénie et de l'Espagne. Elle constitue une réponse à l'annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, et à son invasion de l'est de l'Ukraine. La Russie et la Lettonie partagent une frontière d'environ 250 kilomètres.

La charge de M. Trump

La visite de M. Trudeau en Lettonie constitue un prélude au sommet de l'OTAN à Bruxelles, mercredi et jeudi, où le Canada et d'autres partenaires se préparent à réentendre la charge du président américain sur ce qu'il considère un échec de l'Alliance atlantique.

Le Canada avait adhéré à l'objectif de 2,0 % du PIB au sommet du Pays de Galles il y a quatre ans, mais les prévisions de dépenses du gouvernement Trudeau indiquent que le budget de la défense n'atteindra que 1,4 % du PIB d'ici 2024.

M. Trudeau affirme depuis quelques années que même si la cible de 2,0 % demeure un moyen légitime de mesurer l'engagement des membres de l'Alliance, les ressources et le leadership tangibles et cohérents, que le Canada continue de démontrer, sont plus importants encore que les gros sous.

« En fin de compte, les paramètres les plus importants sont toujours les suivants : est-ce que les pays renforcent les capacités dont l'OTAN a besoin ? Sommes-nous en mesure de fournir différentes ressources et de démontrer le type d'engagement envers l'Alliance qui doit toujours être là ? » Or, à ce niveau, « le Canada peut être extrêmement fier », croit M. Trudeau.

« Le rôle qu'assume le Canada à titre de dirigeant du groupement tactique en Lettonie témoigne de son engagement envers l'Alliance de l'OTAN ainsi qu'envers la Bosnie, le Kosovo, l'Afghanistan et la Libye », a-t-il dit dans son allocution à Riga.

La plus récente révision de la politique de défense du gouvernement libéral prévoit que le Canada augmentera ses dépenses de défense de 70 % au cours des dix prochaines années, a ajouté le premier ministre. Et lorsqu'on lui a demandé directement si le Canada prévoyait atteindre l'objectif de 2,0 %, M. Trudeau a simplement dit qu'il n'y avait pas de plans pour doubler le budget de la défense du Canada.

Il s'agit de la toute première visite bilatérale d'un premier ministre canadien en Lettonie, alors que ce petit pays balte souligne son centenaire.