Le gouvernement Trudeau a appris par hasard que l'ancien premier ministre Stephen Harper prévoit visiter la Maison-Blanche la semaine prochaine, en plein coeur d'une guerre commerciale imminente entre le Canada et les États-Unis.

Selon un haut fonctionnaire, M. Harper lui-même n'a pas mentionné la visite, dérogeant ainsi à la convention en n'informant pas le gouvernement canadien.

Au lieu de cela, l'ambassade du Canada à Washington a reçu un appel de John Bolton, le conseiller en sécurité nationale du président Donald Trump, demandant qui accompagnerait le premier ministre à la réunion de lundi.

Prise de court, l'ambassade a contacté le bureau du premier ministre pour voir si Justin Trudeau avait oublié de mentionner qu'il se rendait à Washington.

Le conseiller en politique étrangère de M. Trudeau, John Hannaford, a ensuite communiqué avec son homologue de la Maison-Blanche, qui a finalement présenté ses excuses pour la confusion et expliqué que c'était l'ancien premier ministre Harper qui serait en visite.

Le bureau de M. Harper n'a pas répondu à une demande de commentaires et il n'était pas clair jeudi si la réunion devait toujours avoir lieu lundi - le lendemain de l'entrée en vigueur des tarifs de rétorsion du Canada sur les importations d'une vaste gamme de produits américains.

On ne savait pas non plus si M. Harper avait peut-être prévu de rencontrer quelqu'un d'autre à la Maison-Blanche ou ce dont il avait l'intention de discuter.

En tant que président de l'International Democrat Union, une alliance de partis politiques de centre droit à travers le monde, il y a peut-être un certain nombre de questions que M. Harper voudrait aborder, y compris Israël et l'Iran.

La visite à la capitale des États-Unis survient sur fond de tensions accrues entre le Canada et les États-Unis concernant une éventuelle guerre commerciale.

Les pourparlers sur la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain sont au point mort depuis que M. Trump a imposé un tarif de 25 pour cent sur les importations d'acier en provenance du Canada et de 10 pour cent sur les importations d'aluminium.

M. Trump a depuis menacé d'imposer plus de droits de douane sur les automobiles et les produits laitiers fabriqués au Canada.

De plus, d'autres représentants de l'administration et lui ont lancé des attaques personnelles contre M. Trudeau lors de discours et de débats politiques, ainsi que sur les réseaux sociaux.

À Montréal jeudi, le ministre des Transports Marc Garneau a noté que les partis d'opposition se sont unis derrière le gouvernement pour répondre aux tarifs douaniers américains et aux menaces de guerre commerciale.

« Nous parlons d'une seule voix, et nous espérons que cela continuera d'être le cas, et nous nous attendons à ce que ce soit le cas », a-t-il précisé.

M. Harper semblait d'accord plus tôt ce mois-ci quand il est apparu sur Fox News pour défendre les relations commerciales du Canada avec les États-Unis. Il a suggéré que le Canada « est la mauvaise cible » pour la colère de M. Trump concernant les pratiques commerciales injustes.

Toutefois, dans une note adressée aux clients l'automne dernier, M. Harper accusait le gouvernement de M. Trudeau d'avoir bâclé les négociations sur le pacte commercial continental.

Interrogé jeudi sur le fait que M. Harper aurait dû informer le gouvernement qu'il prévoyait visiter la Maison-Blanche, M. Garneau a déclaré : « M. Harper est un simple citoyen et je suis certain qu'il est conscient de ces choses parce qu'il est lui-même un ancien premier ministre. »