La pugnacité et la combativité de Thomas Mulcair ont été abondamment soulignées dans les discours d'adieu prononcés par les collègues qu'il laisse derrière lui. Après une décennie aux Communes, le vieux routier de la politique a officiellement tiré sa révérence, jeudi.

Les députés de toutes les formations politiques ont rendu hommage à l'ancien chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), qui s'assoyait à la Chambre des communes pour une dernière fois avant de commencer sa nouvelle vie comme professeur à l'Université de Montréal.

Les discours ont eu lieu en l'absence du premier ministre Justin Trudeau et du chef conservateur Andrew Scheer, qui étaient tous deux allés prêter main-forte à leur candidat en vue de l'élection complémentaire dans le comté de Chicoutimi-Le Fjord.

Tous ceux qui ont pris la parole ont souligné les qualités d'orateur du redoutable député d'Outremont, qui a donné du fil à retordre à plus d'un adversaire pendant ses années sur la scène fédérale - tout particulièrement à l'ancien premier ministre Stephen Harper.

«Le NPD perd aujourd'hui son meilleur et son plus redoutable débatteur. Il aurait rendu fier son illustre et légendaire aïeul Honoré Mercier», a offert Rhéal Fortin, chef intérimaire de Québec debout, formation née du schisme avec le Bloc québécois.

«Redoutable, incisif, percutant: franchement, toute sa carrière, cet homme que nous saluons aujourd'hui aura été un Québécois debout et nous le remercions pour sa contribution», a-t-il enchaîné, se permettant un jeu de mots.

Le départ de Thomas Mulcair comme député survient plus d'un an après qu'il eut été chassé de la chefferie de son parti par les militants néo-démocrates. Il s'était fait montrer la porte en avril 2016 à Edmonton après avoir encaissé un dur revers électoral au scrutin d'octobre 2015.

Le politicien aguerri revêtira bientôt de nouveaux habits, ceux de professeur invité à l'Université de Montréal. Il enseignera principalement à la maîtrise en environnement et développement durable, un nouveau programme multidisciplinaire.

«Ses futurs étudiants et étudiantes à l'Université de Montréal seront très chanceux de l'avoir comme professeur. Ce sera sans doute très stimulant», a prédit le ministre libéral Marc Garneau, qui a prononcé le discours d'adieu en Chambre.

C'est le regretté Jack Layton qui avait réussi à mettre la main sur Thomas Mulcair et le convaincre de se présenter sous la bannière orange lors d'une élection partielle, en 2007, dans une circonscription loin d'être gagnée d'avance, généralement acquise aux libéraux.

Ensemble, dans les années qui ont suivi, ils ont travaillé à se faire connaître et bâtir un mouvement qui a connu son apogée avec la fameuse «vague orange» qui a déferlé sur le Québec aux élections de 2011.

Dans son discours d'adieu en Chambre, le député est revenu avec humour sur le travail colossal que cela avait représenté dans une province où le NPD n'avait jamais réussi à faire une telle percée.

«Recruter des adeptes n'était pas chose facile, mais ensemble, "Clayton" et "Mulclair", comme on se faisait si souvent appeler, formaient une équipe qui ne recrutait pas des candidats - on les pourchassait», a-t-il lâché, provoquant les rires dans les banquettes néo-démocrates.

À l'issue de l'allocution du politicien bientôt à la retraite, les élus présents en Chambre se sont massés autour de lui pour échanger des poignées de main - même ceux à qui il a donné tant de fil à retordre avec des répliques parfois assassines pendant les débats parlementaires.