D'un océan à l'autre, les politiciens de tous les horizons ont dénoncé les attaques personnelles lancées par la Maison-Blanche contre le premier ministre Justin Trudeau.

Même des opposants aussi féroces qu'Andrew Scheer ou le premier ministre élu de l'Ontario, Doug Ford, se sont engagés à appuyer le gouvernement fédéral dans ses efforts à résoudre ce qui ressemble de plus en plus à une guerre commerciale avec les États-Unis.

L'ancien premier ministre Stephen Harper a même mis en cause «l'obsession de Donald Trump avec les relations commerciales avec le Canada» lors d'une entrevue qu'il a accordée à Fox News.

Après avoir couvert de louanges ses homologues du G7, Donald Trump a viré sa veste, niant sa signature dans la déclaration commune et taxant Justin Trudeau de «malhonnête» et de «faible», entre autres épithètes. Il a même menacé le Canada de s'en prendre à son industrie automobile en lui imposant des surtaxes comme il l'a fait pour l'acier et l'aluminium.

Selon le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, ce genre d'insultes n'aide en rien les relations entre deux pays qui sont des alliés depuis si longtemps.

«On a toujours fait ce qu'on pouvait pour présenter un front uni lorsque vient le temps de parler des avantages de l'ALENA, lorsque vient le temps de parler des avantages du libre-échange, autant pour les Américains que pour les Canadiens», a-t-il déclaré.

Cela ne signifie pas que les conservateurs sont prêts à donner un chèque en blanc aux libéraux. M. Scheer a énuméré une liste «d'occasions ratées» pour exercer des pressions sur les États-Unis et pour rendre le Canada plus attrayant aux investisseurs étrangers. Ainsi, il souhaite que le gouvernement presse le pas pour mettre en vigueur le Partenariat transpacifique, l'entente de libre-échange signée par 11 pays de l'Asie, des Amériques et de l'Océanie. Il a aussi dénoncé la taxe nationale sur le carbone et le refus du gouvernement de réduire l'impôt pour les entreprises.

Doug Ford, qui a souvent louangé Donald Trump, a dit dimanche qu'il se tenait au coude-à-coude avec le premier ministre fédéral si des emplois sont en jeu dans sa province.

«Ma priorité numéro 1 est de protéger des emplois en Ontario, particulièrement dans les secteurs de l'acier et de l'aluminium. Ce sera une priorité, a-t-il promis. Nous nous assoirons avec nos homologues fédéraux pour nous en occuper.»

Les conservateurs ne sont pas les seuls à appuyer M. Trudeau. La chef du Parti vert Elizabeth May a convenu que le premier ministre avait bien réagi aux «éclats et à l'intimidation» de M. Trump. Selon elle, «tous les leaders canadiens doivent soutenir M. Trudeau».

Un député néo-démocrate, Charlie Angus, a qualifié le comportement de Donald Trump de «lamentable».

«Cet homme à l'esprit étroit n'est pas de taille à détenir une fonction élective. Le Canada ne doit pas être intimidé par cette crapule d'opérette.»

Mais certains politiciens préféraient dénoncer Justin Trudeau. Ainsi, le sénateur québécois Leo Housakos a accusé le premier ministre de s'être montré incompétent en refusant des négociations bilatérales avec Washington.

«Arrêtons de provoquer les États-Unis, arrêtons de prendre des balles pour le Mexique, amorçons des négociations bilatérales et cessons de discuter avec l'Iran», a-t-il déclaré sur son compte Twitter.

PC

Doug Ford

Quant à l'ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis, Derek Burney, il a exhorté le gouvernement canadien et ses alliés du G7 à rester calmes. Il a dit espérer que les «dernières sottises» de M. Trump lui coûteront des appuis au Congrès et ailleurs aux États-Unis.