Le Parlement invite le pape François à demander pardon.

Les députés aux Communes ont adopté mardi une motion qui demande au pape de présenter ses excuses pour les sévices subis par les enfants autochtones dans les pensionnats gérés par des institutions catholiques. Peu avant Pâques, les évêques catholiques canadiens avaient fait savoir que le pape ne présenterait pas, pour l'instant, pareilles excuses.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a donc pris l'initiative d'en appeler directement au pape. La motion, débattue la semaine dernière, a été soumise au vote mardi après-midi et adoptée sans difficulté.

Seulement dix députés conservateurs se sont opposés à la motion, empêchant les Communes de poser un geste unanime. Garnett Genuis était du compte. L'élu albertain a déjà fait savoir qu'il estime que l'État n'a pas à dicter sa conduite à l'Église. Il n'a pas retourné les appels de La Presse canadienne après le vote.

«C'est un moment extraordinaire. (...) Je ne vais pas m'en faire avec le nombre de personnes qui ont voté pour ou contre», a lâché le député néo-démocrate Charlie Angus qui a déposé la motion et qui avait une plume d'aigle à la main lorsqu'il a voté.

«C'est une question qui a soulevé beaucoup d'émotion dans la région que je représente», a expliqué l'élu du nord de l'Ontario.

C'est par 269 voix contre 10 que la motion a été adoptée. Le chef conservateur Andrew Scheer ne s'est pas présenté au vote.

En entrant aux Communes quelques minutes avant le vote, le premier ministre Justin Trudeau a rappelé l'importance qu'il accordait à ces excuses.

«Ça fait longtemps qu'on parle de ça. C'est les recommandations de la Commission (de vérité et réconciliation) et c'est quelque chose que j'ai demandé au pape de faire quand j'étais au Vatican», a noté M. Trudeau. À l'issue de cet entretien qui remonte à la fin mai 2017, le premier ministre avait rapporté que le pape s'était montré ouvert à l'idée.

«J'ai très, très confiance que le pape François va répondre (à la demande) et j'ai espoir que les évêques catholiques du Canada vont entendre le message et dire »oui, nous devons participer à ça«», a déclaré le député Angus à sa sortie des Communes.

En fin de journée, à la Conférence des évêques catholiques du Canada, on indiquait ne pas avoir décidé quelle réaction offrir au geste des parlementaires.

Texte de la motion

Que, pour répondre à l'appel de la Commission de vérité et réconciliation visant à faire avancer notre nation sur le chemin d'une véritable guérison pour les crimes de l'époque des pensionnats autochtones, la Chambre:

(a) invite le pape François à participer à ce cheminement avec les Canadiens et les Canadiennes en répondant à l'appel à l'action numéro 58 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation et à présenter des excuses papales officielles pour le rôle qu'a joué l'Église catholique canadienne dans la mise en place, les opérations et les sévices des pensionnats autochtones;

(b) demande à l'Église catholique canadienne de respecter son obligation morale ainsi que l'esprit de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006, et de redéployer tous les efforts possibles pour amasser le montant total des fonds convenus;

(c) demande à toutes les entités catholiques impliquées dans les opérations des pensionnats autochtones de faire des efforts cohérents et soutenus pour remettre les documents pertinents lorsqu'elles sont appelées à le faire par des survivants des pensionnats autochtones, par des membres de leur famille ou par des spécialistes travaillant à comprendre l'ampleur des horreurs du système des pensionnats autochtones, dans l'intérêt de la vérité et de la réconciliation.

PC

Charlie Angus tient une plume d'aigle pendant le vote.