Il faudra faire preuve de prudence pour s'assurer que les pourparlers historiques entre les deux Corées mènent bien à la dénucléarisation de leur péninsule, prévient la ministre canadienne des Affaires étrangères.

La ministre Chrystia Freeland y est allée de cette mise en garde vendredi, peu après que le président sud-coréen Moon Jae-in et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un eurent fait part de leur volonté de mettre officiellement fin aux hostilités entre leurs deux pays pays.

De passage à Washington, pour la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain, Mme Freeland a déclaré que le Canada voit d'un bon oeil cette volonté de parvenir à une solution diplomatique, tout en restant concentré sur l'enjeu de la prolifération nucléaire.

Au-delà des tensions régionales, il s'agit d'une «question de paix et de sécurité internationales», a-t-elle fait valoir.

La Corée du Nord a mis plusieurs décennies à se constituer un arsenal nucléaire afin de dissuader toute tentative d'invasion de la part des Américains ou des Sud-Coréens.

Dans une déclaration commune, vendredi, MM. Moon et Kim ont dit espérer mettre un terme officiel à la guerre de Corée d'ici la fin de l'année. Ils se sont également engagés à dénucléariser la péninsule, sans toutefois préciser comment ils ont l'intention de s'y prendre.

Leur rencontre historique a pris place après une année de hautes tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord, dont les nombreux essais d'armes nucléaires et de missiles à longue portée ont alimenté les craintes d'une attaque en sol américain.

«Nous exhortons également la Corée du Nord à prendre des mesures concrètes en vue d'un démantèlement complet, vérifiable et irréversible des programmes d'armes de destruction massive et de missiles balistiques», a déclaré la ministre Freeland dans un communiqué.

Les tensions entre les deux Corées ont semblé atteindre leur paroxysme en janvier dernier, lors d'un sommet coorganisé par le Canada à Vancouver. Les Jeux olympiques, tenus en Corée du Sud, ont permis de calmer le jeu le mois suivant.

Vendredi, le président américain s'est attribué le mérite de la rencontre entre les dirigeants coréens et a dit croire que la Corée du Nord souhaite sincèrement s'engager dans un processus de paix.

Pour plusieurs Canadiens, surtout ceux ayant pris les armes lors de la guerre de 1950-1953, toute perspective de résolution de ce conflit est la bienvenue, a souligné le porte-parole conservateur en matière d'Affaires étrangères, Erin O'Toole.

Plus de 26 000 militaires canadiens ont pris part à la guerre de Corée, et 516 y ont laissé leur vie - ce qui en fait le troisième conflit le plus meurtrier de l'histoire du pays, selon Anciens Combattants Canada.