La motion conservatrice déposée à Ottawa en vue de forcer le gouvernement Trudeau à adopter un plan d'action concret pour gérer la crise des migrants a été battue après plusieurs heures de débats, mardi soir.

Michelle Rempel, porte-parole conservatrice en matière d'immigration, avait déposé cette motion dans l'espoir de forcer Ottawa à adopter des mesures rapides d'ici au 11 mai pour mieux gérer les frontières canadiennes. 

«On prévoit que jusqu'à 400 personnes par jour vont traverser illégalement la frontière au Québec cet été, et au lieu de chercher de vraies solutions comme combler la lacune dans l'Entente sur les tiers pays sûrs ou désigner toute la frontière canadienne comme un point d'entrée officiel, le gouvernement Trudeau dépense des millions de l'argent des contribuables pour des solutions provisoires», a-t-elle dénoncé dans un communiqué publié en matinée.

Un tweet controversé

Michelle Rempel et son collègue Pierre-Paul Hus identifient le tweet envoyé l'an dernier par Justin Trudeau comme moment charnière dans la crise actuelle.

Dans un message publié en janvier 2017 sur le réseau social, le premier ministre avait écrit : «À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera.»

Les troupes conservatrices ne décolèrent visiblement pas de ce tweet.

«Il est inacceptable pour les millions de Canadiens qui sont venus ici légalement et qui ont respecté les règles que le premier ministre encourage des individus à entrer illégalement au pays», indique le communiqué de Mme Rempel et M. Paul-Hus.

«Pays ouvert»

Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, se défend du laxisme dont l'accusent les troupes conservatrices.

«Le Canada demeure un pays ouvert et accueillant pour les personnes qui ont besoin de protection», a-t-il indiqué dans un courriel à La Presse

«Cependant, notre gouvernement est déterminé à assurer une migration ordonnée, a-t-il poursuivi. Nous avons travaillé en collaboration avec les provinces, les territoires, les municipalités et des organismes non gouvernementaux pour la mise en place d'un plan national de mesures d'urgence en cas d'une augmentation importante du nombre d'entrée irrégulières et de demandes d'asile.»

Malgré des critiques musclées du gouvernement québécois, qui se dit dépassé par la vague de migrants qui entre dans la province depuis deux ans à partir des États-Unis, le ministre Hussen estime avoir répondu «promptement» à cette situation.

«Le budget de 2018 prévoit un investissement de plus de 173 millions de dollars dans la gestion de la migration irrégulière en vue de renforcer la sécurité à la frontière et d'accélérer le processus de traitement des demandes d'asile, a-t-il fait valoir. Cela signifie que les réfugiés pourront commencer leur vie au Canada plus rapidement et que les demandeurs déboutés seront expulsés plus rapidement.»

Les libéraux blâment la «décennie de coupures» sous l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper pour expliquer une partie de la crise actuelle. Ils rappellent que celui-ci avait amputé de 390 millions de dollars le budget de l'Agence des services frontaliers du Canada.

Motion aux communes 

Michelle Rempel a déposé une motion au sujet de l'immigration illégale, qui a été débattue en deux blocs en matinée et en fin d'après-midi mardi à la Chambre des communes.

La motion a été battue avec 199 votes «contre», tandis que 97 ont voté «pour». Cette défaite était largement attendue.

La motion conservatrice demandait notamment :

•       «de faire en sorte que les organismes responsables de nos frontières soient convenablement outillés afin de pouvoir continuer à s'acquitter de leurs obligations efficacement et que les personnes qui se présentent aux frontières canadiennes se soumettent aux formalités prévues;

•       «d'admettre l'irresponsabilité dont a fait preuve le premier ministre en gazouillant #BienvenueAuCanada aux personnes désireuses d'entrer au Canada par des voies illégales;

•       «d'assumer la responsabilité des coûts colossaux des services sociaux, qui alourdissent le fardeau des gouvernements provinciaux;

•       «de déposer à la Chambre, d'ici au 11 mai 2018, un plan pour stopper l'afflux de personnes qui entrent illégalement au Canada depuis les États-Unis.»