Désirant assurer l'unité des troupes libérales sur l'épineuse question de l'élargissement de l'oléoduc Trans Mountain, les ministres les plus influents du cabinet Trudeau ont livré vendredi un plaidoyer bien senti en faveur de ce projet qui donne lieu à une guerre des mots sans précédent entre l'Alberta et la Colombie-Britannique.

Devant les militants libéraux réunis en congrès national jusqu'à samedi, le ministre des Ressources naturelles Jim Carr, la ministre de l'Environnement Catherine McKenna, et le ministre des Pêches et Océans Dominic LeBlanc ont tour à tour insisté pour dire que le gouvernement a fait ses devoirs avant de donner son appui au projet de 7,4 milliards de dollars de la société américaine Kinder Morgan.

Ce projet, ont-ils soutenu, permettra de créer des emplois de qualité sans mettre en péril les objectifs du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En outre, le gouvernement Trudeau a investi 1,5 milliard de dollars dans un nouveau plan de protection des océans qui comporte de nouvelles mesures pour remédier rapidement à tout déversement de pétrole.

Les ministres, qui ont été réunis sur la scène au deuxième jour de ce congrès, le dernier du Parti libéral avant les prochaines élections fédérales prévues en octobre 2019, ont défendu l'élargissement de l'oléoduc Trans Mountain alors que les tensions entre la Colombie-Britannique, farouchement opposée au projet, et l'Alberta ont monté de plusieurs crans au cours des derniers, conduisant la société Kinder Morgan à menacer d'abandonner le projet d'ici le 31 mai si elle n'obtient pas la certitude qu'elle pourra procéder sans avoir à mener en parallèle des batailles devant les tribunaux.

Ils ont défendu le projet alors que des groupes environnementalistes opposés à l'exploration du pétrole manifestaient devant le Centre des congrès d'Halifax, sous haute surveillance policière.

« Je ne suis pas très à l'aise de voir les provinces de l'Alberta et de la Colombie-Britannique avoir un telle discussion musclée au vu et au su de tous. Le premier ministre de l'Alberta est élu pour défendre les intérêts de sa province au meilleur de ses capacités. La même chose est vraie pour le premier ministre de la Colombie-Britannique. C'est un environnement politique compliqué en Colombie-Britannique. Nous comprenons cela. Mais il n'y a qu'un seul gouvernement du Canada. Et nous allons défendre les intérêts de tout le pays », a affirmé le ministre Jim Carr.

La ministre Catherine McKenna a pour sa part affirmé que l'Alberta, en adoptant un prix sur le carbone, constitue un joueur crucial pour la mise en oeuvre et la réussite du plan du gouvernement Trudeau en matière de lutte contre les changements climatiques. En contrepartie, le gouvernement fédéral a l'obligation de l'épauler afin d'acheminer son pétrole sur les marchés internationaux afin d'obtenir un juste prix pour sa ressource.

« Nous avons approuvé ce projet. Et l'ancien gouvernement de la Colombie-Britannique l'a aussi approuvé. Nous sommes en train de refaire les batailles juridiques de ce projet. Quel impact cela a sur la certitude qu'exige les investisseurs dans notre pays ? Chaque fois qu'un gouvernement est élu, cela va-t-il menacer un projet ? Ce n'est pas bon pour l'investissement au pays. Je suis le ministre de l'Environnement de tout le monde. Nous avons des débats robustes. Nous avons examiné l'impact de ce projet sur le climat, en tenant compte de notre plan sur les changements climatiques et aussi celui de l'Alberta », a dit la ministre McKenna.

Le ministre Dominic LeBlanc a insisté pour dire que les investissements importants du gouvernement fédérale pour la protection des océans démontrent qu'Ottawa a pris toutes les précautions nécessaires pour tenir compte de l'augmentation du nombre de pétroliers dans les eaux de l'île de Vancouver jusqu'au port de Burnaby, où se trouve le terminal de Kinder Morgan.

Les travaux d'élargissement de Trans Mountain permettraient de tripler la capacité de cet oléoduc, les faisant passer de 300 000 barils de pétrole par jour à 890 000 barils Cette augmentation de la capacité aurait pour effet de multiplier par sept (34) le nombre de pétroliers qui vont et viennent au port de Burnaby.