Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) demandent au premier ministre Justin Trudeau d'accorder au blogueur saoudien emprisonné Raïf Badawi une citoyenneté canadienne honorifique afin de faciliter sa libération.

La femme de celui qui croupit en prison depuis maintenant six ans, Ensaf Haidar, était au parlement mardi aux côtés de la chef bloquiste Martine Ouellet et de l'ancien chef néo-démocrate Thomas Mulcair, pour réclamer la délivrance d'un tel document pour son mari.

La résidante de Sherbrooke a par ailleurs de nouveau demandé au premier ministre d'intervenir pour donner un coup d'accélérateur à la démarche d'obtention de la citoyenneté canadienne pour ses trois enfants et pour elle-même.

Ces «petites choses» pourraient faire progresser un dossier qui stagne, a plaidé celle qui a encore une fois exprimé sa déception à l'endroit de Justin Trudeau et de son gouvernement, car «malgré toutes les promesses (...) il ne s'est rien passé jusqu'à maintenant».

«J'aimerais bientôt retrouver Raïf. Six ans, ce n'est pas facile pour nous. Six ans, ce n'est pas facile pour mes enfants», a-t-elle laissé tomber en conférence de presse.

En décembre dernier, Ensaf Haidar avait formulé ces deux mêmes requêtes dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien régional Le Nouvelliste. Le bureau de Justin Trudeau n'y avait pas directement réagi.

Cette inaction a «déçu» Thomas Mulcair, sans toutefois le surprendre outre mesure. Le député du NPD a reproché au premier ministre d'avoir abandonné le blogueur et sa famille à leur sort après avoir promis, avant et pendant la campagne électorale, de tout faire pour leur venir en aide.

«M. Trudeau était là pour les caméras avec Ensaf et avec sa famille, mais depuis lors, rien», a-t-il déploré.

La leader bloquiste Martine Ouellet a exhorté Justin Trudeau à profiter de la «fenêtre d'opportunité» qui s'ouvrira à la mi-mai avec le ramadan pour faire pression sur Riyad - Raïf Badawi figure sur une liste de pardon royal, et il est coutume d'annoncer des pardons à cette période, a-t-elle noté.

«Il doit y avoir une pression de la communauté internationale, et comme la famille de Raïf Badawi s'est installée à Sherbrooke, c'est important que le Canada soit proactif dans les démarches au niveau international auprès de l'Arabie saoudite», a-t-elle fait valoir.

Le blogueur a été condamné en juin 2012 à 10 ans d'emprisonnement et 1000 coups de fouet pour avoir dénoncé le régime saoudien dans ses écrits. Il a reçu 50 coups de fouet, mais toutes les séances de flagellation subséquentes ont été suspendues.