Les ministres du gouvernement Trudeau ont offert peu de réponses à leur sortie de la réunion d'urgence du cabinet, mardi, alors que la pression s'accentue pour que le gouvernement fédéral sauve le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain.

«Le gouvernement est à 100 % pour ce pipeline», a dit le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, lors d'un bref point de presse qui a duré moins d'une minute et demie.

«C'est important pour le Canada, a-t-il ajouté. C'est dans l'intérêt national. Nous croyons que c'est important pour toutes les régions du pays et nous n'avons pas l'intention de revenir sur notre décision.»

Il n'a toutefois offert aucune nouvelle information sur les options qui sont envisagées par le gouvernement.

À ses côtés, sa collègue à l'Environnement, Catherine McKenna, a elle aussi offert peu de réponses.

«Nous sommes toujours clairs (sic) que l'environnement et l'économie vont de pair, a-t-elle précisé. Nous avons eu une très bonne discussion aujourd'hui et ce n'est pas une question de (savoir) si le projet va de l'avant, mais comment.»

Le ministre de l'Infrastructure, Amarjeet Sohi, dont le siège en Alberta pourrait être en jeu si la société Kinder Morgan abandonne son projet, a lui aussi réitéré l'engagement du gouvernement Trudeau envers la construction de l'oléoduc. «Nous explorons comment y parvenir», a-t-il dit.

Réunion en pleine relâche

La moitié du cabinet de Justin Trudeau s'est réunie à Ottawa mardi après-midi, en pleine relâche parlementaire, pour discuter de ce dossier deux jours après l'annonce par Kinder Morgan qu'elle suspendait toute activité et investissement non essentiels entourant son projet.

L'entreprise texane veut obtenir l'assurance qu'elle pourra procéder malgré la forte opposition du gouvernement de la Colombie-Britannique.

L'Alberta et la Colombie-Britannique, deux provinces dirigées par des néo-démocrates, sont à couteaux tirés sur l'avenir de l'oléoduc qui permettrait d'acheminer le pétrole des sables bitumineux albertains au port de Vancouver.

Le premier ministre britanno-colombien, John Horgan, s'oppose farouchement à l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain et veut porter le dossier devant les tribunaux.

Le chef du Parti conservateur uni de l'Alberta, Jason Kenney, qui a été ministre dans le gouvernement de Stephen Harper, a qualifié la situation de «crise constitutionnelle» sur Twitter. Il suggère qu'Ottawa prenne des mesures de représailles contre la Colombie-Britannique en retenant les transferts fédéraux qui lui sont dus.

Le ministre Carr a déjà indiqué que le gouvernement considérait toutes les options à sa disposition, qu'elles soient réglementaires, juridiques ou financières, pour permettre au projet Trans Mountain de se concrétiser.

Mme Notley a affirmé mardi que son gouvernement était carrément prêt à acheter l'oléoduc Trans Moutain pour s'assurer pour qu'il soit construit coûte que coûte. Elle avait signalé la veille que l'Alberta pourrait investir des fonds publics dans le projet d'oléoduc, incitant son plus proche rival Jason Kenney à réclamer qu'Ottawa emboîte le pas.

De tous les ministres fédéraux questionnés à leur sortie de la réunion d'urgence, seul le ministre des Finances, Bill Morneau, a donné quelques indications sur la stratégie du gouvernement fédéral.

«Nous sommes évidemment en discussions avec la Colombie-Britannique et l'Alberta, a-t-il signalé. Nous discutons avec le promoteur. Nous n'allons pas négocier ou faire des menaces en public.»

La Chambre de commerce de Vancouver a exhorté le premier ministre Justin Trudeau à s'asseoir avec ses homologues de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, Rachel Notley et John Horgan, pour sortir de l'impasse ou trouver un autre moyen de faire appliquer la loi. Le projet d'oléoduc a été approuvé par le cabinet en 2016.

Le premier ministre terre-neuvien, Dwight Ball, de passage à Ottawa mardi, a lui aussi encouragé Mme Notley et M. Horgan à trouver un terrain d'entente.

«Ils devraient se rencontrer pour tenter de trouver une solution qui profiterait à tous les Canadiens», a-t-il dit, en précisant qu'en tant que premier ministre d'une province productrice de pétrole, il appuyait toute juridiction qui voulait exporter ses ressources naturelles.

Un petit groupe de manifestants anti-oléoduc a bloqué une partie de la circulation près du bureau de comté de la ministre McKenna au centre-ville d'Ottawa à l'heure de pointe, mardi après-midi, pour faire pression sur le gouvernement Trudeau.