Crise interne ou pas, la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, et son équipe ont décidé de proposer l'ébauche d'un nouveau programme, qui vise une «refondation intellectuelle» du parti.

Le terme de «refondation» a été utilisé par l'un des penseurs du document, Gilbert Paquette, ancien ministre péquiste sous René Lévesque, et se veut un clin d'oeil à ceux qui ont proposé au cours des derniers jours une «refondation» du Bloc, avec une course au leadership et une nouvelle plateforme, notamment.

«Nous, du comité, nous espérons que ce projet, qui sera discuté dans toutes les instances du Bloc, va ressouder le Bloc autour d'un projet - et là vous me permettrez le petit clin d'oeil - de refondation intellectuelle du Bloc. C'est ça qu'on vous offre ici: un projet de refondation intellectuelle du Bloc par le débat démocratique que nous allons initier», a résumé M. Paquette lors d'une conférence de presse, vendredi.

Interrogée à ce sujet, Mme Ouellet n'a guère voulu s'étendre sur cette proposition de refondation du Bloc qui émane d'un groupe critique de son approche, si ce n'est pour dire que ceux qui ont des propositions touchant le Bloc n'ont qu'à les soumettre aux instances du parti et que ce sont elles qui décideront, lors d'un débat démocratique.

Ce que serait un Québec indépendant

«On se fait tellement poser de questions: à quoi ça va ressembler?» a rapporté Mme Ouellet, qui a justifié ainsi la raison d'être du document. «On commence à éclairer à quoi va ressembler la future république du Québec.»

Cette ébauche de programme, intitulée Pour faire du Québec une république, sert à présenter aux électeurs ce que serait un Québec indépendant, les valeurs qui l'animeraient, les idées qu'il défendrait, a expliqué Mme Ouellet.

Entre autres, en matière de laïcité, on propose d'inscrire dans la future constitution du Québec le principe de la laïcité de l'État et du respect des croyances, mais «dans la sphère privée».

On propose également d'établir des balises claires pour aider les organisations à répondre aux demandes d'accommodement.

En matière linguistique, on propose d'inscrire dans la constitution que le français est «la seule» langue officielle, de rétablir l'esprit de la Loi 101, de «rétablir» le français comme langue de la justice et de l'administration publique, en spécifiant que la justice doit être rendue en français.

En matière environnementale, on propose d'investir 4,5 milliards d'ici 2030 pour réduire la consommation d'énergies fossiles dans les procédés industriels et accroître l'utilisation d'énergies renouvelables.

En matière d'éducation, on propose d'«établir la gratuité scolaire dans l'enseignement supérieur» et de compléter le réseau des Centres de la petite enfance (CPE) en utilisant notamment l'allocation fédérale pour la garde d'enfants.

Plusieurs autres thèmes y sont abordés: les relations avec les nations autochtones, les transports, la recherche, la culture, la décentralisation vers les régions, la santé, l'emploi, la représentation internationale, la défense et autres.

Cette «proposition principale», élaborée par M. Paquette et le politologue Denis Monière, inclut également une «constitution initiale de la république du Québec», qui servirait pendant la période de transition, après un référendum gagnant sur la souveraineté.