Martine Ouellet se soumettra finalement à un vote de confiance auprès des membres du Bloc québécois le printemps prochain. Mais le seuil qu'elle a fixé pour rester en poste -50% d'appuis + 1 vote- pourrait encore une fois remettre sa légitimité en question et même ramener le parti « à la case départ », selon un expert.

« Si elle devait obtenir un vote de confiance autour de ce seuil-là, un peu au-dessus de 50%, ça aurait pour effet de reconduire la crise », a avancé lundi Jacques Beauchemin, professeur au département de sociologie de l'UQAM, qui a suivi de près la crise au Bloc au cours des dernières semaines. 

« Ça ne serait pas assez élevé pour reconduire sa légitimité en tant que chef, a-t-il poursuivi. On ne peut pas partir à la guerre avec un soutien de ses membres aussi faible que celui-là. »

Après des semaines de tempête et plusieurs appels à quitter la direction du Bloc, Martine Ouellet a fait volte-face lundi et annoncé la tenue d'un vote sur son leadership. Le parti consultera ses délégués à cet effet pendant son Conseil national du 29 avril prochain à Drummondville. Une « consultation référendaire » sera ensuite tenue auprès des 20 000 membres du Bloc, probablement par téléphone ou par internet.

Il ne s'agira toutefois pas d'un vote de confiance traditionnel. Le Bloc avait déjà annoncé son intention de tenir un référendum auprès de ses membres sur les grandes orientations du parti, et une deuxième question sera ajoutée, concernant cette fois le leadership de Martine Ouellet. 

« Ça permettra un référendum à deux questions sur les deux éléments », a dit la chef bloquiste lundi en conférence de presse à Ottawa.

« Tentative de putsch »

Le leadership de Martine Ouellet est vivement contesté depuis la démission de sept des dix élus de la formation indépendantiste le mois dernier. Ils siègent aujourd'hui comme indépendants à Ottawa et excluent tout retour tant que la chef actuelle sera aux commandes. Plusieurs gros canons du parti, incluant les anciens chefs Gilles Duceppe et Daniel Paillé, ont invité Mme Ouellet à céder son poste dans la foulée de ces départs. 

Se disant victime de « calomnie » et d'une « tentative de putsch », Martine Ouellet avait jusqu'à maintenant refusé de se soumettre à un vote de confiance. Elle dit avoir changé d'idée après de nombreuses « consultations » avec les membres de son équipe et des militants du parti. 

Le vote de confiance en bonne et due forme déjà prévu lors du congrès du Bloc de mai 2019 aurait été trop éloigné dans l'état actuel des choses, a reconnu Martine Ouellet. Plusieurs modalités de la consultation référendaire restent néanmoins à déterminer, comme le texte précis des deux questions et la durée de la consultation auprès des membres. Le vote pourrait se tenir « dans les mois suivant » le conseil national du 29 avril prochain, a-t-elle dit.

Martine Ouellet défend le seuil de 50%+1 fixé pour rester en poste. Elle avance que ce chiffre constitue « la base » et dit souhaiter « le résultat le plus élevé possible ». Elle fait valoir qu'il existe plusieurs « cas de figure », comme l'ont déjà démontré des démissions de chefs de parti survenus après des votes de confiance très largement majoritaires.