L'opposition néo-démocrate a formellement demandé lundi au gouvernement libéral d'offrir des excuses - et des indemnités - aux dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux qui se battent depuis deux ans contre les ratés du système de paie Phénix.

Pour souligner cette semaine le deuxième anniversaire de la mise en oeuvre de ce système informatisé, des manifestations sont prévues mercredi un peu partout au pays.

Le porte-parole néo-démocrate en matière de finances, Peter Julian, a estimé lundi, en conférence de presse à Ottawa, qu'après 24 mois de ce «fiasco», il est honteux que le gouvernement n'ait pas encore trouvé de solution.

Selon lui, des fonctionnaires, qui travaillent pour le bien des citoyens canadiens, ont perdu leur maison ou ont été incapables de mettre du pain sur la table familiale. Des excuses ne leur redonneront peut-être pas la voiture ou la maison qu'ils ont perdue, a-t-il dit, mais elles sont néanmoins importantes afin de reconnaître ce que ces fonctionnaires ont enduré, et de veiller à ce que cela ne se reproduise plus jamais.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) soutient qu'avant le déploiement de Phénix, en février 2016, «le gouvernement libéral n'a pas tenu compte des appels de la part de syndicats et de fonctionnaires demandant de reporter sa mise en oeuvre». Dans sa motion déposée aux Communes lundi, pour un vote mercredi, le NPD croit que si le gouvernement veut vraiment réparer ses torts, il doit offrir des excuses formelles, en Chambre, aux fonctionnaires lésés, et leur offrir ensuite des indemnités.

Le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper avait opté pour le système Phénix, du géant IBM, dans le but d'économiser des fonds publics en centralisant tous les systèmes de paie des dizaines de ministères et agences du gouvernement fédéral. Depuis la mise en place de Phénix, des milliers de fonctionnaires ont reçu des chèques de paie tronqués, ou à l'inverse ont reçu des «trop-payés» qu'ils doivent maintenant rembourser; certains n'ont même rien reçu du tout pendant un certain temps.

«Des milliers de nos fonctionnaires vivent avec le stress financier de ne pas se faire rémunérer correctement: ils ne savent pas s'ils seront en mesure de payer leurs factures ou s'ils devront emprunter sur leurs cartes de crédit, a déclaré en point de presse la porte-parole du NPD en matière de travail, Karine Trudel, députée de Jonquière. Les libéraux doivent admettre leur erreur, offrir des excuses publiques dans la Chambre des communes et une indemnisation à tous ces gens.»

«Ça fait deux ans que ça dure. (...) C'est tout simplement indigne d'un gouvernement du 21e siècle. Il est temps pour le gouvernement de prendre ses responsabilités et d'arrêter de blâmer les conservateurs», a ajouté Mme Trudel lors de la période de questions aux Communes.

À la fin de janvier, on comptait 633 000 dossiers litigieux en traitement, et les coûts pour régler ces erreurs se chiffreront quelque part entre un et cinq milliards de dollars. La note atteignait déjà près de 788 millions $ plus tôt ce mois-ci, lorsque le gouvernement a demandé au Parlement d'approuver, avant la fin de l'année financière, une rallonge de 76,3 millions $ pour cette opération de sauvetage.