Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, promet de déployer tous les efforts qui s'imposent afin de conserver dans le giron néo-démocrate la circonscription d'Outremont, devenue le symbole de la percée de son parti au Québec durant la dernière décennie.

Cette circonscription de la région de Montréal deviendra vacante à compter de juin lorsque Thomas Mulcair, l'ancien chef du parti, tirera sa révérence de la politique canadienne pour aller enseigner à l'Université de Montréal. M. Mulcair, qui a choisi de ne pas assister au congrès du NPD à Ottawa, en fin de semaine, afin de ne pas porter ombrage au nouveau chef, a été élu député néo-démocrate pour la première fois en 2007 à la faveur d'une élection partielle, arrachant ainsi au Parti libéral une circonscription considérée comme un bastion. Cette victoire avait aussi donné un dur coup au leadership du chef libéral de l'époque, Stéphane Dion.

M. Mulcair a été réélu dans Outremont aux élections générales de 2008, 2011 et 2015. Il a récemment annoncé son intention de passer à l'enseignement universitaire, ouvrant ainsi la voie à une rude bataille entre les libéraux de Justin Trudeau et les troupes néo-démocrates de Jagmeet Singh.

« Nous allons travailler très fort pour garder Outremont. Nous allons continuer de proposer des politiques uniques pour le Québec. Nous allons aussi continuer de démontrer l'importance du Québec en général. Outremont occupe une place spéciale à cause de l'histoire. Et nous allons travailler très fort pour garder Outremont. C'est très important pour moi », a déclaré M. Singh dans une entrevue avec La Presse.

DES RÉSOLUTIONS POUR LE QUÉBEC

En fin de semaine, les militants du NPD présents au congrès national ont adopté une série de résolutions dans l'espoir de séduire les électeurs du Québec aux prochaines élections fédérales et de consolider leurs acquis, voire faire des gains dans la province. Entre autres choses, ils ont endossé l'idée de proposer une déclaration de revenus unique qui serait gérée par le gouvernement du Québec et ont soutenu que le rapatriement de la Constitution en 1982, sans la signature du Québec, était une « erreur historique ».

Dans les rangs néo-démocrates, on convient toutefois que la lutte s'annonce difficile, étant donné la popularité des libéraux de Justin Trudeau au Québec. On s'attend à ce que le premier ministre annonce la tenue d'une élection partielle dans Outremont en novembre, après les élections générales au Québec qui doivent avoir lieu en octobre.

Pour le député de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, ce sera « un gros défi » de conserver la circonscription d'Outremont. 

« Avant d'être le comté de Thomas Mulcair, c'était un château fort libéral. On s'en rappelle tous. Donc, on sait que ce n'est pas gagné d'avance. Mais on va travailler extrêmement fort. Ça a une valeur de symbole pour nous. »

« Ç'a été le début de la percée et le début de la vague orange. Donc, pour nous, ça va être une très grande priorité. On veut présenter quelqu'un de fort, quelqu'un avec qui les gens du comté vont être capables de se reconnaître, et les gens du Québec aussi », a ajouté M. Boulerice.

Il a ajouté que le NPD a des candidats potentiels dans sa ligne de mire, mais il a refusé de donner plus de détails. « On fait des téléphones », s'est-il borné à dire. M. Boulerice a indiqué que les résultats des dernières élections municipales dans les limites de la circonscription d'Outremont ont été favorables à Projet Montréal - des résultats qui permettent au NPD d'afficher un certain optimisme. « On regarde la carte. C'est gagnable. Et Jagmeet [Singh] s'est déjà engagé à mettre les ressources qu'il faut pour que l'on garde Outremont. C'est une priorité », a-t-il dit.

Aux dernières élections, Thomas Mulcair a remporté la victoire avec près de 5000 voix d'avance sur la candidate libérale Rachel Bendayan. Mme Bendayan, qui est la chef de cabinet de la leader du gouvernement à la Chambre des communes, Bardish Chagger, a l'intention de briguer l'investiture libérale. Depuis quelques semaines, elle profite d'ailleurs de son congé de maternité afin de sillonner la circonscription pour convaincre les militants libéraux de l'appuyer.