À l'occasion de son premier Conseil général en tant que chef du Bloc québécois, Martine Ouellet a avoué sentir de la «résistance» au sein de son parti depuis qu'elle est arrivée, il y a près d'un an.

«Du coulage, juste avant un événement important du parti comme cette semaine, sans aucun respect du travail des instances, ça ne nous fait pas avancer», a-t-elle déclaré samedi matin devant environ 200 délégués réunis dans un hôtel de Drummondville.

Mme Ouellet faisait référence aux médias de Québecor qui ont dévoilé cette semaine le salaire que la chef réclamerait à son parti lorsqu'elle ne sera plus députée provinciale, ce qui a beaucoup fait jaser, notamment sur les réseaux sociaux.

Martine Ouellet a demandé à ses membres de lui verser un salaire annuel de 95 000 $, dès qu'elle quittera son poste à l'Assemblée nationale, jusqu'à la prochaine élection fédérale.

Les membres ont finalement accepté la mesure tel quelle en fin de journée, mais cette idée ne semblait pas faire l'unanimité chez les membres, puisque Mme Ouellet recevra une allocation de transition après son départ de Québec.

La chef a défendu sa décision de réclamer un salaire, affirmant qu'il était «tout à fait normal» qu'un parti paie son chef.

«Je ne comprends pas toutes les discussions que j'ai entendues cette semaine. Ça s'est fait pour d'autres chefs avant moi», a-t-elle confié en point de presse.

Mme Ouellet ne croit pas qu'on n'ait jamais demandé à d'autres politiciens de travailler «bénévolement».

«Je pense qu'on n'a pas à demander ça en politique, je pense que c'est juste normal», a-t-elle justifié.

Interrogé sur la question avant le vote, le député Luc Thériault s'était dit inquiet face à la possibilité que le Bloc manque d'argent pour la prochaine campagne électorale, laissant entendre que les finances ne sont pas aussi en bon état que le laisse croire le parti.

«Présentement, il n'y a pas grand-chose à ce que je vois (...) Si je me compare à 2014-2015, on est en retard. Beaucoup», a-t-il confié.

«Mon intérêt, c'est qu'on puisse limiter tout ce qu'on peut limiter en termes de dépenses. Libre au bureau national de ventiler ça comme ils veulent.»

Le chef parlementaire du Bloc québécois, Xavier Barsalou-Duval, a assuré en entrevue que le parti avait amplement les moyens de payer sa chef.

«Le Bloc québécois, contrairement à beaucoup de partis au fédéral, n'a pas de dette», a-t-il expliqué.

«Nous, on a une bonne situation financière, on a augmenté les sommes qu'on a amassées à chaque année depuis 2011», a-t-il ajouté.

Advenant l'élection de Martine Ouellet à la Chambre des communes, cette mesure sera révisée, selon M. Barsalou-Duval.

Lors de son discours de clôture, la chef du Bloc québécois s'est montrée rassurante et a assuré que le parti travaillerait à recueillir les fonds nécessaires pour la prochaine élection.

Devant ses militants, Martine Ouellet a tenté de les convaincre de mettre l'indépendance au centre de leur discours et de se distancier des «mêmes recettes qui sont là depuis 25 ans».

En point de presse, Mme Ouellet a expliqué qu'une modernisation du parti était nécessaire, et cela passe par le discours sur l'indépendance, qui doit être mis de l'avant, selon elle.

«C'est essentiel, c'est demandé par l'ensemble des membres et des militants que tous les jours (les députés) parlent d'indépendance, qu'ils se servent de tous les outils parlementaires», a-t-elle expliqué.

Plusieurs députés interrogés ne se sont pas sentis visés par cet appel.

«Il n'y a pas un seul député du Bloc québécois qui ne croit pas à l'indépendance», a lancé Simon Marcil.

«Je pense qu'on en parle à chaque fois qu'on dénonce le blocage du fédéral», a renchéri Monique Pauzé.

Dans le cadre de ce conseil national, le Bloc québécois s'est aussi donné des objectifs de financement par circonscription.

Les objectifs seront modulés selon certains critères, dont le nombre de donateurs et le contexte particulier de la circonscription.

«La nouvelle formule qui a été établie tient davantage compte des moyens de payer de chaque circonscription», a précisé Xavier Barsalou-Duval.

«Chaque circonscription a un objectif de financement à atteindre pour le national et elle a aussi la nécessité de se bâtir un fonds électoral de son côté.»

En marge de ce conseil général, les délégués bloquistes participaient en après-midi à un colloque sur l'environnement, auquel participeront Patrick Bonin, de l'organisme Greenpeace, et Simon-Pierre Rioux, de l'Association des véhicules électriques du Québec.

Les bloquistes devaient recevoir la visite de la ministre catalane de l'Environnement et de la Durabilité, Maria Subirà, mais cette dernière a dû annuler sa visite en raison de l'incertitude politique qui plane en Catalogne dans la foulée du référendum sur l'indépendance du 1er octobre dernier, déclaré illégal par le gouvernement espagnol.