Une sénatrice du Manitoba va de l'avant avec son initiative d'offrir du soutien à quiconque dit avoir été la cible d'inconduite sexuelle à la chambre haute, et ce, même si elle n'a pas le droit d'utiliser son budget pour payer l'avocate qui l'épaule dans ce projet.

La sénatrice indépendante Marilou McPhedran a assuré mardi «qu'elle n'allait pas arrêter» malgré les directives du Sénat.

Le mois dernier, Mme McPhedran a mis sur pied une adresse courriel confidentielle et a invité les employés, les stagiaires ou les bénévoles ayant travaillé au Sénat depuis 2006 à se confier directement à elle ou à lui écrire pour être redirigés vers un avocat.

L'idée est d'offrir un moyen sécuritaire et confidentiel à ces plaignantes pour qu'elles déterminent les prochaines étapes à suivre, s'il y en a, mais aussi pour qu'elles fournissent des informations à d'autres personnes afin d'éviter qu'elles se retrouvent dans la même situation - dans certains cas, sans même nommer l'auteur présumé de ces comportements.

La sénatrice dit avoir déjà recueilli le témoignage de quatre personnes qui ont bien voulu partager leurs histoires.

Mme McPhedran affirme qu'elle ne s'est pas fixé d'objectif sur le nombre de témoignages, et que si une seule personne avait requis ses services, l'effort en aurait déjà valu la peine.

Le greffier du comité sénatorial sur la régie interne, des budgets et de l'administration avait demandé à la sénatrice de fournir des précisions sur le montant de 7000 $ qu'elle avait proposé pour embaucher une avocate, puisque les politiques du Sénat ne couvrent pas les dépenses qu'elle avait décrites dans les médias.

L'avocate embauchée par la sénatrice devait donner des conseils sur les procédures et rédiger des directives sur le harcèlement contre des employés du Sénat, des étudiants et des bénévoles.

«Les politiques du Sénat prévoient que les sénateurs recourent aux services d'entrepreneurs pour les appuyer dans leurs fonctions parlementaires. Cela n'inclurait pas le paiement de frais juridiques pour des tierces parties», a écrit Alison Korn, porte-parole du comité, dans un courriel.

Après que le Sénat eut dévoilé ce détail aux médias - que Mme McPhedran conteste en vertu d'une question de privilège -, la sénatrice dit avoir contacté les survivantes d'agression et de harcèlement sexuels pour leur assurer que l'offre était toujours valide.

L'avocate Anne Levesque a accepté de fournir les services bénévolement, selon la sénatrice.

Et si nécessaire, la sénatrice paiera les services de sa poche. «L'espace sécuritaire et confidentiel que je vous ai promis... est garanti, a-t-elle écrit sur Facebook. Mes promesses seront tenues.»

Marilou McPhedran, une avocate spécialisée en droits de la personne qui a dirigé des enquêtes sur des agressions sexuelles contre des patients, a déclaré que les victimes d'agression sexuelle ou de harcèlement voulaient souvent tourner la page, mais aussi éviter que d'autres se retrouvent dans la même situation.

«Elles veulent que l'institution mette fin à la façon dont elle a permis l'abus de pouvoir. Si nous voulons apporter des changements réels et durables, alors nous devons mieux comprendre ce qui est arrivé avant», avait-elle expliqué en entrevue le mois dernier.