« Les gens disent qu'en politique, il ne faut jamais dire jamais, mais je vous le dis : jamais ! Je ne me représenterai plus jamais en politique. »

Près de 25 ans après avoir été élu député provincial de Chomedey, Thomas Mulcair quitte la vie politique. À la fin de la session parlementaire, au printemps prochain, le député d'Outremont et ancien chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) laissera son siège à la Chambre des communes pour aller enseigner à l'Université de Montréal. M. Mulcair y a accepté un poste de professeur invité au département de science politique.

« J'ai vraiment hâte de partager mon expérience avec les étudiants. C'est avec les yeux grands ouverts, un grand sourire et le pas léger que je m'avance vers cette vie universitaire », a dit M. Mulcair à La Presse.

M. Mulcair a accepté un poste temporaire de trois ans, à temps plein. Il sera responsable d'un cours qui devrait s'intituler « Enjeux sociaux et gouvernance », dans le cadre d'une nouvelle maîtrise en environnement et développement durable dont le lancement, cet été, coïncidera avec son arrivée. Il partagera aussi l'enseignement de certains cours au sein du programme de maîtrise en affaires publiques et internationales.

M. Mulcair devient également fellow au Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CERIUM), et siégera au comité de gestion de l'Institut en environnement, développement durable et économie circulaire de l'Université.

« Ce n'est pas un pied-à-terre où on le verra quelques fois par année. Sa participation est substantielle, il sera un enseignant dans nos programmes et on le verra sur le campus de manière très régulière. »

- Frédéric Bouchard, doyen de la faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal

M. Bouchard révèle que les discussions entre M. Mulcair et l'Université de Montréal, située dans la circonscription d'Outremont où M. Mulcair est député depuis 2007, remontent déjà à quelques années. C'est cet automne qu'elles se sont concrétisées.

« C'est vraiment une candidature hors pair, se réjouit le doyen Frédéric Bouchard. Comme ancien ministre de l'Environnement du Québec, chef de parti et chef de l'opposition, il sera à même de faire comprendre les défis liés à l'implantation des politiques publiques en environnement durable. C'est un regard absolument privilégié dont il pourra faire bénéficier nos étudiants, mais aussi les autres chercheurs et professeurs. »

Il y a deux semaines, M. Mulcair avait annoncé qu'il assurait la présidence du conseil d'administration de l'événement de sensibilisation environnementale Le Jour de la Terre.

MULCAIR TIRE UNE « LIGNE DÉFINITIVE »

M. Mulcair affirme qu'il conservera toujours des liens avec le NPD. « C'est une famille, ce sont des amis », dit-il. Mais il jure que la ligne qu'il tire est « définitive ».

Rappelons qu'après avoir mené dans les sondages au début de la campagne électorale fédérale de 2015, le NPD dirigé par Thomas Mulcair avait subi la débâcle, perdant 59 sièges et terminant troisième derrière le Parti libéral (PLC) et le Parti conservateur (PC). M. Mulcair avait tenté de s'accrocher à la barre du NPD, mais avait été poussé vers la sortie par les membres du parti, qui avaient voté pour tenir une course à la direction.

« Mon seul regret, c'est qu'on n'ait pas réussi à former un gouvernement. Depuis 150 ans, les gens ont eu à alterner entre les libéraux et les conservateurs. Je pense qu'on était capables d'offrir mieux, mais ce sera à mes successeurs à former un gouvernement NPD », dit Thomas Mulcair.

« Ce qui va me manquer, c'est le caractère immédiat des changements qu'on peut amener dans la société. Mais l'enseignement universitaire peut aussi nous permettre de faire des changements positifs. Je veux utiliser mon expérience pour donner des outils aux étudiants afin qu'ils puissent faire les changements à leur tour. »

- Thomas Mulcair

M. Mulcair ne cache pas que la politique aura été exigeante sur le plan personnel.

« Ma femme Catherine a sa propre carrière. Et en plus de son travail, elle faisait mon travail, avec moi. On ne se plaint pas, on adorait ce qu'on faisait. Mais il y avait énormément de demandes sur la vie personnelle et familiale. »

Celui qui est toujours député d'Outremont laisse déjà entendre qu'il pourrait souhaiter prolonger le poste temporaire de trois ans qu'il vient d'accepter à l'Université de Montréal.

« Je peux vous garantir que, tout comme ma femme Catherine, nous sommes tous les deux du genre à rester actifs longtemps, dit l'homme de 63 ans. Alors, rendez-vous dans trois ans pour la suite des choses. »

L'Université de Montréal affirme de son côté son intention d'aller chercher davantage de « gens de terrain » comme Thomas Mulcair. « M. Mulcair est une candidature remarquable, mais ce ne sera pas la dernière à l'Université de Montréal », promet le doyen Frédéric Bouchard.

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DANS LE CV DE THOMAS MULCAIR

• Député provincial de Chomedey de 1994 à 2007

• Ministre de l'Environnement du Québec de 2003 à 2006

• Député fédéral d'Outremont depuis 2007

• Chef du NPD de 2012 à 2017

• Chef de l'opposition officielle à Ottawa de 2012 à 2015