Une sénatrice veut venir en aide aux employés de la Chambre haute qui auraient été victimes d'inconduites sexuelles de 2006 à aujourd'hui. Elle dénonce du même souffle le secret qui entoure cette question au Sénat.

«Je ne sais pas ce qui est arrivé aux gens qui ont déposé une plainte au cours de la dernière décennie, a expliqué Marilou McPhedran. Tout ce que je sais, c'est qu'ils ont tous disparu et qu'il ne reste qu'un seul sénateur (de l'époque) qui est encore ici.»

Depuis son arrivée au Sénat en 2016, elle dit avoir entendu parler de cas où des plaintes pour inconduites sexuelles auraient été réglées par le versement d'une compensation financière aux victimes. Il n'existerait pas de trace de ces transactions, car l'argent aurait été versé par l'entremise d'avocats et donc déguisé en frais légaux.

«Je ne sais pas si c'est vrai et je n'ai aucune façon de le vérifier puisque toute cette information (sur la gestion des plaintes) est gardée secrète», a-t-elle indiqué.

Mme McPhedran veut à la fois comprendre comment la Chambre haute a géré ces plaintes par le passé et fournir des ressources aux victimes. La sénatrice indépendante originaire du Manitoba, une avocate de formation, a à maintes reprises représenté des victimes d'agressions sexuelles au cours de sa carrière.

«Ce que j'ai appris au fil des ans, c'est que très souvent les survivant(e)s finissent par régler à l'amiable et signer des ententes de confidentialité, a-t-elle constaté. Ils ne sentent pas qu'ils ont obtenu justice ou que ça a résolu leur situation et ils ne sentent pas que suffisamment de choses ont changé pour protéger leurs successeurs.»

Mme McPhedran se dit prête à financer les services d'une avocate spécialisée à même son budget pour toute personne qui aurait été victime de harcèlement au travail ou d'inconduite sexuelle lors d'un emploi ou d'un stage au Sénat. Une démarche qui, selon elle, peut permettre aux victimes de tourner la page.

«Cela peut se limiter à une conversation confidentielle avec l'avocate et si le survivant ou la survivante ne veut pas que cette information soit partagée avec moi, ça s'arrêtera là - je n'y aurai pas accès», a-t-elle assuré.

Elle a créé une adresse courriel confidentielle (confidential@mariloumcphedran.com) pour recueillir les témoignages de victimes ou simplement les mettre en contact avec l'avocate pour qu'elles puissent obtenir des conseils juridiques.

La sénatrice McPhedran milite pour que le Sénat se dote d'une meilleure politique pour traiter les plaintes. Elle affirme que le groupe de travail qu'elle avait formé l'automne dernier avec d'autres sénateurs pour réfléchir à la question a été dissous en décembre par le Bureau de régie interne du Sénat.