Justin Trudeau navigue en territoire inexploré en matière de traitement des plaintes pour inconduite sexuelle, et chaque nouvelle allégation qui pourrait être faite à l'endroit d'un élu libéral sera analysée au « cas par cas ».

«Je n'ai pas reçu, quand je suis devenu chef du parti, un manuel passé de main à la main depuis Wilfried Laurier pour me dire comment gérer ces contextes-là, ces enjeux-là», a indiqué le premier ministre pendant une conférence de presse tenue mardi midi au Parlement d'Ottawa.

Justin Trudeau a dû défendre sa gestion du dossier pendant plusieurs minutes, quelques jours après la mise au jour de comportements inappropriés de son ministre Kent Hehr envers trois femmes.

Kent Hehr a démissionné de son poste de ministre des Sports et des personnes handicapées la semaine dernière, mais il est resté membre du caucus libéral.

En 2014, Justin Trudeau avait suspendu du caucus libéral deux députés -Massimo Pacetti et Scott Andrews- pour des allégations similaires, ce qui a entraîné des questions sur ce traitement à deux vitesses. Le premier ministre a répondu que les dossiers sont tous différents et analysés au « cas par cas ».

« On est en train d'essayer, en tant qu'organisation des différents partis politiques, mais tous les différents milieux de travail, de développer des nouveaux outils pour une situation qui est tout à fait nouvelle », a-t-il dit.

Présomption d'innocence

Sans bafouer le principe de présomption d'innocence, M. Trudeau a fait valoir que les personnes qui vont de l'avant avec des dénonciations doivent être crues et soutenues.

« Je pense qu'il faut commencer toujours par appuyer et croire ceux qui avancent avec des histoires de harcèlement, d'agression, des histoires d'expérience qu'ils, ou surtout elles, ont vécues, a-t-il laissé entendre. Par la suite évidemment, il faut avoir un processus qui va avancer de façon équitable. »

Questionné par une journaliste pour savoir s'il avait lui-même effectué un examen de conscience dans la foulée du mouvement #metoo, le premier ministre s'est dit « impliqué dans ces dossiers » depuis 25 ans. Il soutient avoir travaillé avec le Centre contre les assauts sexuels de la société étudiante de l'Université McGill pendant ses études.  

« J'ai énormément appris dans ces années-là et j'ai partagé des conversations importantes avec des amis, des collègues, des organismes avec qui je travaillais sur le consentement, sur la communication, sur l'agression et sur toutes ces conversations des dynamiques de pouvoir qui peuvent exister », a affirmé Justin Trudeau.

Un autre cas?

Le premier ministre a par ailleurs nié connaître l'identité d'un élu libéral de très haut niveau, qui ferait l'objet de plusieurs allégations d'inconduites sexuelles selon le blogueur influent Warren Kinsella.

Tous ces débats surviennent alors que la Chambre des communes s'est entendue lundi pour étudier de façon accélérée le projet de loi C-65, qui vise à s'attaquer au harcèlement sexuel dans les milieux de travail fédéraux, incluant le Parlement.