Dans un rare geste d'unanimité, les députés de la Chambre des communes ont décidé d'accélérer l'adoption d'un projet de loi visant à contrer le harcèlement et la violence sexuels en milieu de travail au moment même où les allégations d'inconduite sexuelle se multiplient et secouent la classe politique canadienne.

À la demande de la nouvelle leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Ruth Ellen Brosseau, les députés ont adopté en deuxième lecture le projet de loi C-65 modifiant le Code du travail canadien lundi pour le soumettre à un comité parlementaire pour étude.

Une fois en vigueur, ce projet de loi permettra de mieux contrer le fléau que représente le harcèlement sexuel dans des milieux de travail tels que la colline parlementaire, selon la ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail, Patty Hajdu. 

«Nous devons absolument faire tout ce que l'on peut pour changer la culture ici sur la colline parlementaire», a affirmé la députée Ruth Ellen Brosseau en plaidant pour l'adoption rapide du projet de loi.

Les allégations se multiplient

Cette décision est survenue alors que les allégations d'inconduite sexuelle se multiplient dans les sphères du pouvoir, à Ottawa et ailleurs au pays, depuis une semaine, forçant au moins quatre hommes à quitter leurs fonctions. Ces allégations - et la réponse des autorités pour y mettre fin - ont dominé la première journée des travaux de la Chambre des communes après un congé de six semaines.

Le ministre des Sports et des Personnes handicapées, Kent Hehr, a été contraint de démissionner la semaine dernière après qu'une fonctionnaire de l'Alberta eut dénoncé ses agissements à l'endroit des femmes alors qu'il siégeait à l'Assemblée législative de cette province.

Le chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario, Patrick Brown, a aussi été contraint de quitter ses fonctions après que deux jeunes femmes l'eurent accusé d'inconduite sexuelle, alors qu'il était député sur la scène fédérale.

Dimanche soir, le président du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario, Rick Dykstra, un ancien député conservateur à Ottawa et un ami de Patrick Brown, a aussi dû démissionner de ses fonctions, également en raison d'allégations d'inconduite sexuelle.

Le Parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse a perdu son chef, Jamie Baillie, la semaine dernière. Il a été forcé de démissionner lui aussi pour les mêmes raisons.

Nombreuses questions

Le cas de Rick Dykstra a soulevé de nombreuses questions dans les rangs conservateurs, d'autant plus que les stratèges du parti auraient autorisé sa candidature aux élections de 2015 tout en étant au courant qu'il était visé par des allégations d'agression sexuelle, selon le magazine Maclean's

Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, a insisté pour dire qu'une telle situation ne se reproduirait pas sous sa houlette. «Je peux vous assurer qu'à l'avenir, si des allégations comme celles-là sont formulées contre un candidat, cette personne ne pourra pas être candidate pour notre parti», a dit M. Scheer.

PC

Kent Hehr