Justin Trudeau se dit lui aussi indigné par les millions de dollars versés par Ottawa à Omar Khadr, mais il y voit un argument pour ne plus jamais tolérer qu'un Canadien soit torturé à l'étranger.

Pendant une séance de discussion ouverte à Hamilton, mercredi, le premier ministre a été interpellé par une dame outrée que le gouvernement canadien ait accepté de verser une forte somme à l'ex-prisonnier de Guantanamo.

Ottawa a accepté de verser une indemnité - 10,5 millions, selon certains médias - pour régler à l'amiable une poursuite intentée par le jeune homme en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Cette indemnité a déclenché une petite tempête l'été dernier au pays, et la dame de Hamilton a démontré mercredi que la controverse n'était pas morte. Elle a d'ailleurs vigoureusement interpellé à nouveau M. Trudeau lorsqu'il a voulu passer à la question suivante.

Le premier ministre a indiqué qu'il avait pris bonne note de la colère réelle de plusieurs Canadiens, et «au risque de surprendre bien des gens», il a même admis qu'il partageait cette irritation. M. Trudeau convient volontiers que cette somme aurait pu être consacrée à des programmes sociaux, mais il se console en se disant qu'Ottawa aurait dépensé de 30 à 40 millions si la cause avait été entendue par un tribunal.

Il a demandé à son auditoire, réuni dans le gymnase de l'Université McMaster, de continuer à s'indigner de cette indemnité que le gouvernement a dû verser. Mais selon M. Trudeau, la leçon qu'on doit tirer de cette coûteuse affaire, c'est qu'aucun gouvernement à Ottawa ne devrait tolérer qu'un Canadien soit torturé à l'étranger.