La ministre du Patrimoine Mélanie Joly est la première à le reconnaître : le 150e anniversaire du Canada a connu ses hauts et ses bas tout au long de l'année.

Parmi les moins bons moments de 2017, elle mentionne les pluies torrentielles qui ont un peu gâché la fête à la Colline du Parlement, lors du Jour du Canada. Elle rit aussi lorsqu'elle fait état de la température sibérienne qui a provoqué l'annulation de plusieurs activités de la veille du Jour de l'an, dont le concert prévu à la Colline.

« Nous sommes Canadiens. Nous sommes habitués à traiter avec mère Nature. »

La ministre croit toutefois ce que les Canadiens retiendront le plus ne sera pas la froide température ou le mauvais temps.

« C'est un succès sur le plan mémoriel pour les Canadiens, souligne Mme Joly. Je suis reconnaissante envers les Canadiens qui ont vraiment décidé de profiter de cette occasion unique et d'en tirer le meilleur parti. »

Patrimoine Canada avait mis de côté 200 millions pour la programmation de Canada 150. Une somme de 300 millions supplémentaires a été dépensée pour des projets d'infrastructure visant à rénover les patinoires et les parcs publics. L'entrée dans les parcs nationaux fédéraux a été gratuite, ce qui représentait un manque à gagner d'environ 76 millions pour Parcs Canada.

Selon Mme Joly, l'objectif était d'investir dans des projets et des activités dont les Canadiens se souviendront.

« Les souvenirs que garderont les Canadiens de ce qu'ils ont fait pendant le Jour du Canada et des projets qui ont été initiés par leur collectivité resteront l'un des héritages (de cette année). »

Pour elle, les précipitations ou le froid ne sont pas les trames définitives de cette histoire. Ce qui compte, c'est le nombre de gens qui y ont participé.

Patrimoine Canada soutient que 87 pour cent des Canadiens ont participé à au moins une activité de Canada 150, soit 31 millions de personnes.

La programmation de Canada 150 comptait 5800 activités qui se sont déroulées dans tout le pays pendant toute l'année. Plusieurs d'entre elles ont attiré une affluence importante. La Machine, une troupe de théâtre urbain venue de France, a émerveillé 750 000 personnes avec son dragon géant et son araignée dans le centre-ville d'Ottawa, trois fois plus que prévu, pendant quatre jours en juillet.

Pas moins de 27,3 millions de personnes ont visité au moins une fois un parc national ou un site historique, un sommet. Quelque 50 000 personnes ont participé à la Marche pour la réconciliation à Vancouver. Environ 1,4 million de personnes ont admiré les grands voiliers dans des ports de l'Ontario, du Québec et des provinces maritimes. Les Acadiens ont eu droit à la plus grande fête nationale de l'Acadie de l'histoire.

Le New York Time et l'éditeur de guides de voyage Lonely Planet ont tous deux placé le Canada comme première place à visiter en 2017. Le tourisme étranger et intérieur a progressé de 3,1 pour cent cette année. Le nombre de visiteurs provenant d'outre-mer a augmenté de 7,1 pour cent, tandis que le nombre de touristes américains a crû de 2,7 pour cent. Jamais le Canada n'avait accueilli autant de visiteurs de l'étranger.

Les séjours d'une nuitée à Ottawa, où se sont déroulées plusieurs activités de Canada 150, ont augmenté de 5,5 pour cent, la plus forte hausse au pays. Montréal - qui fêtait le 375e anniversaire de sa fondation - n'est pas loin derrière à 5,1 pour cent.

Selon le directeur général d'Ottawa 2017, Guy Laflamme, les célébrations ont été un grand succès. « Nous avons changé la perception que les gens avaient d'Ottawa », a-t-il soutenu.

M. Laflamme a aussi fait remarquer que les célébrations n'ont pas été perturbées par un geste malfaisant, comme un attentat. Cette menace était suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des organisateurs.

Quelques jeunes membres des Premières Nations ont fait savoir qu'il n'y avait aucune raison pour célébrer le 150e anniversaire du Canada. Ils ont érigé un tipi sur la Colline du Parlement pendant le week-end du Jour du Canada pour exprimer leur protestation. Leur geste a toutefois permis d'attirer l'attention sur la question de la réconciliation. Selon Mme Joly, cela a démontré que le pays pouvait mener une conversation mature sur ses propres faiblesses.

« Même si les 150 dernières années ont été loin d'être parfaites pour les peuples autochtones, (les célébrations) sont survenues à un moment charnière de notre histoire. Il y a eu un plus grand dialogue et une plus grande ouverture des collectivités non-autochtones cette année », a dit Mme Joly.

Le quart des activités de Canada 150 était consacré au thème de la réconciliation.

Le chef Robert Joseph, l'ambassadeur de Réconciliation Canada, estime qu'on ne peut se réconcilier du jour au lendemain. Une année ne suffira pas pour raconter cette histoire.

« Il y aura un million de petits pas, mais chacun d'entre eux est un progrès. »