Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a montré au grand jour sa piètre compétence dans la gestion des affaires de l'État en présentant une réforme fiscale mal ficelée qui a provoqué la colère des contribuables aux quatre coins du pays, estime le chef du Parti conservateur Andrew Scheer.

M. Scheer se dit d'ailleurs ravi que ses troupes conservatrices aient réussi à canaliser la colère des agriculteurs, des pêcheurs, des propriétaires de petites entreprises, entre autres, à la Chambre des communes, si bien que le ministre des Finances Bill Morneau a été contraint de retirer de larges pans de sa réforme fiscale.

Dans une entrevue accordée à La Presse afin de dresser le bilan de la dernière session parlementaire, le chef conservateur a promis de continuer de faire la vie dure au gouvernement Trudeau sur les questions économiques et fiscales.

«Cela n'arrive pas tous les jours qu'un gouvernement majoritaire soit obligé de retirer une grande partie d'une réforme si importante. Ce n'était pas une petite chose, ce qu'il a tenté de faire.» 

«En tant que leader du Parti conservateur, je suis fier du travail que nous avons accompli dans ce dossier. Notre travail a été couronné de succès. Mais cette mauvaise réforme fiscale démontre deux choses. Sur les questions de l'économie et de la fiscalité, c'est clair que le gouvernement Trudeau est incompétent», a déclaré M. Scheer d'un ton sans appel.

Celui qui a été élu à la tête du Parti conservateur en mai dernier a tenu à rappeler que les libéraux de Justin Trudeau, en plus de présenter une réforme fiscale mal conçue, ont abandonné plusieurs promesses électorales importantes, notamment celle de limiter à 10 milliards de dollars le déficit annuel et de rétablir l'équilibre budgétaire durant la dernière année d'un premier mandat.

Les déficits frisent les 25 milliards de dollars depuis l'arrivée des libéraux au pouvoir, et le retour à un déficit zéro a été reporté aux calendes grecques, a-t-il rappelé.

«Tout cela est pour moi un grand signe d'incompétence. Il faut aussi rappeler que les libéraux avaient promis de faire payer plus d'impôts aux plus riches. Mais les plus riches paient moins d'impôts aujourd'hui - environ 1 milliard de dollars de moins - qu'avant leur arrivée au pouvoir, même s'ils ont augmenté le taux d'imposition pour les riches. Les libéraux n'ont pas réussi à atteindre leur objectif. C'est l'inverse qui s'est produit», a-t-il dit.

«On peut donc dire facilement que tout ce que touchent les libéraux tourne au désastre», a ajouté M. Scheer, soulignant le plan du gouvernement d'acheter des avions de chasse d'occasion de l'Australie, le système de paie Phénix, les déboires de la ministre du Revenu national Diane Lebouthillier, entre autres choses.

Morneau, un «boulet»

En entrevue, M. Scheer se montre sévère envers le ministre des Finances Bill Morneau, qui a dû se défendre d'allégations de conflit d'intérêts tout l'automne parce qu'il a omis de mettre ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard, alors qu'il s'était engagé à le faire après avoir été nommé au cabinet en novembre 2015.

M. Scheer, qui a réclamé la démission du grand argentier du pays en novembre, a affirmé que jamais un ministre des Finances n'avait été un tel boulet pour un gouvernement au cours des 50 dernières années.

«M. Morneau n'a plus la confiance des Canadiens parce qu'il a refusé de répondre clairement aux nombreuses questions concernant sa situation. Il donne l'impression qu'il cache quelque chose aux Canadiens.» 

«M. Morneau n'est pas un ministre aussi fort que l'ont été les James Flaherty, Paul Martin, Ralph Goodale ou Michael Wilson. Il ne peut pas se promener à travers le pays sans se faire poser des questions sur son éthique», a dit M. Scheer.

En 2018, M. Scheer compte sillonner le pays afin de se faire connaître davantage des Canadiens. Il reconnaît qu'il ne jouit pas d'une notoriété aussi grande que celle de Justin Trudeau et que cela a peut-être été un facteur durant les élections partielles de l'automne. Contre toute attente, le Parti libéral du Canada a réussi à arracher deux circonscriptions au Parti conservateur (Lac-Saint-Jean au Québec et Surrey-Nord-White Rock en Colombie-Britannique) durant ces élections partielles.

En outre, l'an prochain, les conservateurs commenceront à coucher sur le papier les grandes lignes de leur programme électoral en prévision du scrutin de 2019. Le prochain congrès national du Parti conservateur est prévu en août. «Nous devons commencer à présenter des solutions précises sur les grands enjeux comme l'environnement», a-t-il dit.

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Bill Morneau