Le Canada s'est abstenu de voter sur une résolution condamnant la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël - un texte qui a tout de même été adopté avec une imposante majorité aux Nations unies.

La résolution sur laquelle Ottawa a préféré ne pas se prononcer a été adoptée dans le cadre d'une séance extraordinaire d'urgence, jeudi. Elle stipulait que la décision des États-Unis n'avait pas de force légale et qu'elle devait être révoquée.

Elle a été adoptée à l'Assemblée générale par une large majorité: les représentants de 128 États membres ont endossé la résolution, tandis que neuf ont voté contre. Trente-cinq se sont abstenus.

Avant la mise aux voix de la résolution, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, s'était présentée devant l'Assemblée générale pour servir une mise en garde aux autres États membres.

«Les États-Unis se souviendront de cette journée où ils ont été isolés pour être attaqués à l'Assemblée générale pour le simple fait d'avoir exercé leur droit en tant que nation souveraine», a-t-elle pesté.

«Nous nous en souviendrons lorsqu'on nous demandera, encore une fois, de faire la plus importante contribution mondiale aux Nations unies», a menacé la représentante américaine.

Le Canada, qui convoite un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, a choisi de ne pas prendre position dans l'enceinte onusienne. À l'issue du vote, l'ambassadeur canadien aux Nations unies, Marc-André Blanchard, a pris la parole pour expliquer la décision d'Ottawa.

«Nous sommes déçus que cette résolution soit unilatérale et ne fasse pas avancer la paix à laquelle nous aspirons; c'est pourquoi nous nous sommes abstenus de voter aujourd'hui sur la résolution», a-t-il expliqué.

«La question du statut de Jérusalem ne peut être réglée que dans le cadre d'un règlement global du conflit israélo-palestinien», a indiqué M. Blanchard.

Le gouvernement Trudeau a jusqu'à présent timidement réprouvé la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et d'y déménager éventuellement l'ambassade.

Un peu plus tôt cette semaine, à l'issue d'une rencontre bilatérale avec son homologue américain, Rex Tillerson, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait refusé de dénoncer explicitement la position des États-Unis.

Lorsqu'on lui avait signalé que la position canadienne sur la question était floue, elle n'avait pas voulu la clarifier davantage.

«Le Canada et les États-Unis ont des positions diverses», s'était contentée d'offrir la diplomate en chef du Canada aux côtés du secrétaire d'État américain dans le foyer de la Chambre des communes à Ottawa, mardi.

«Nous avons toujours des discussions candides et directes», avait-elle ajouté.

Dans la foulée de l'annonce de Donald Trump, la ministre Freeland avait insisté sur le fait que la position d'Ottawa sur la situation au Moyen-Orient n'avait pas changé.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a reproché au gouvernement de Justin Trudeau de ne pas parler assez fort dans ce dossier.

Après le vote de jeudi, la députée Hélène Laverdière a redit sa déception.

«Les néo-démocrates sont profondément déçus de la décision du gouvernement Trudeau de s'abstenir de voter lors de l'Assemblée générale des Nations unies aujourd'hui», a-t-elle déclaré par voie de communiqué.

«La décision du président Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël est dangereuse et malavisée», a tranché la députée Laverdière dans la même déclaration écrite.