Rodrigo Duterte a « tout mis en oeuvre » afin d'obtenir une invitation pour permettre à Justin Trudeau d'assister à un prestigieux événement sur la sécurité en Asie-Pacifique aux côtés de puissants chefs d'État, selon des responsables gouvernementaux.

Mais un employé gouvernemental de haut rang assure que le geste serviable du président philippin n'aura aucune incidence sur la décision de Justin Trudeau de confronter ou non M. Duterte au sujet des violations des droits de la personne dans son pays d'Asie du Sud-Est et qui ont choqué à travers le monde.

M. Trudeau a laissé entendre qu'il pourrait soulever la question des droits de la personne avec M. Duterte, s'il en a l'occasion.

Les dirigeants n'ont pas prévu de tête-à-tête lors de la visite du premier ministre aux Philippines pour les sommets liés à l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE).

Grâce aux efforts de Rodrigo Duterte, Justin Trudeau aura l'occasion convoitée, mardi, de participer à un déjeuner de travail à Manille avant le Sommet de l'Asie orientale, sous le leadership de l'ANASE. M. Trudeau se joindra aux dirigeants de 18 pays, dont la Chine, la Russie et les États-Unis, pour discuter d'enjeux de sécurité.

Il reste à voir si Justin Trudeau défiera Rodrigo Duterte en face à face quant à sa violente guerre contre la drogue. La répression sanglante de M. Duterte comprend des exécutions extrajudiciaires par son gouvernement qui ont fait des milliers de morts.

« Il y a toute une série de problèmes que je pourrais soulever avec lui si nous en avons l'occasion, a déclaré M. Trudeau samedi à Danang, au Vietnam. Il y a toujours des préoccupations en matière de droits de la personne à aborder avec un large éventail de dirigeants. »

Le billet de Justin Trudeau pour le déjeuner de mardi constitue une percée parce qu'aucun autre premier ministre canadien n'y a jamais été invité. Il est censé discuter de la Corée du Nord et des attaques sanglantes contre les musulmans rohingyas au Myanmar.

Le Canada souhaite devenir un membre permanent du Sommet de l'Asie orientale.

Justin Trudeau sera aussi le premier dirigeant canadien à participer à un échange d'une heure au sommet de l'ANASE, au cours duquel les membres lui poseront des questions et débattront de l'envergure de la coopération du Canada dans la région.

L'occasion se présente au moment où le premier ministre Trudeau fait des efforts pour augmenter le rôle du Canada sur la scène internationale et démontrer qu'il peut affronter des défis complexes, au pays et à l'étranger.

Sans l'invitation de Rodrigo Duterte, qui préside le sommet, Justin Trudeau n'aurait pas franchi la porte.

« Il en va de la prérogative de la présidence de l'ANASE d'inviter des participants », a déclaré un haut responsable du gouvernement, qui a parlé sous couvert d'anonymat parce qu'il lui était interdit de discuter publiquement de la question.

« Traditionnellement, il y en a eu très peu, alors, d'une certaine manière, les Philippines ont fait un effort, disons. »

En ce qui concerne l'avenir, la source a indiqué que le Canada n'avait reçu aucun signal voulant que le Sommet de l'Asie orientale accepte de nouveaux membres.

Mais la présence canadienne est perçue comme une excellente occasion pour Justin Trudeau d'expliquer pourquoi le Canada ferait un bon membre et comment il pourrait contribuer en tant que nation du Pacifique.

Sous les gouvernements libéraux et conservateurs, Ottawa a pris des dispositions au cours des dernières années pour s'engager plus activement avec l'ANASE.

Le Sommet de l'Asie orientale rassemble dix membres de l'ASEAN et huit autres pays: la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Inde, la Russie et les États-Unis.

Rencontre entre Trudeau et la PM de Nouvelle-Zélande

Lundi, Justin Trudeau a tenu une rencontre bilatérale, qui comprenait des discussions sur des questions de sécurité régionale, avec Jacinda Ardern, la première ministre néo-zélandaise récemment élue, en marge des réunions de l'ANASE.

M. Trudeau a déclaré, avant la rencontre, qu'il souhaitait discuter avec Mme Arden de commerce, de changements climatiques et de féminisme.

Il a ajouté que chacun avait beaucoup à apprendre de l'autre concernant les dossiers autochtones, puisque chaque pays est confronté à des défis similaires à ce chapitre.

La femme de 37 ans a dit que M. Trudeau et elle ont découvert qu'ils ont plusieurs points communs - non seulement ce qui concerne les intérêts et les problèmes de leurs pays respectifs, mais aussi sur une base personnelle.

Le Parti travailliste de Mme Arden a formé le gouvernement de la Nouvelle-Zélande après le scrutin de septembre, mais elle n'a été assermentée comme première ministre qu'à la fin du mois d'octobre.

Photo Adrian Wyld, La Presse Canadienne

Jacinda Ardern et Justin Trudeau