Les citoyens de deux circonscriptions fédérales iront aux urnes lundi, mais c'est vers celle de Lac-Saint-Jean que les yeux seront tournés dans l'attente des résultats.

Les quatre principaux partis espèrent tous une victoire dans la circonscription laissée vacante par le conservateur Denis Lebel. Ils présentent tous des candidats connus dans la région.

Chacun des chefs est allé y faire campagne au cours des deux dernières semaines.

Le premier ministre Justin Trudeau est le dernier à s'y être rendu jeudi et vendredi, multipliant les arrêts à Roberval, Saint-Félicien, Dolbeau-Mistassini et Alma.

Le candidat libéral Richard Hébert est l'ex-maire de Dolbeau-Mistassini, une ville dont l'économie repose sur l'industrie forestière.

La conclusion d'une nouvelle entente sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis fait partie des enjeux dans cette circonscription où des milliers d'emplois en dépendent.

La protection du système de gestion de l'offre en vigueur pour les produits laitiers, la volaille et les oeufs fait également partie des préoccupations des électeurs. L'administration Trump a récemment réclamé la fin définitive de ce système d'ici dix ans dans le cadre de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Le Lac-Saint-Jean compte 325 producteurs de lait. Il s'agit du secteur agricole le plus important dans la région.

Lors de sa visite, Justin Trudeau a promis de protéger la gestion de l'offre et l'industrie forestière.

Une victoire dans Lac-Saint-Jean, une circonscription où les conservateurs ont régné pendant dix ans et qui était autrefois détenue par le Bloc québécois, serait une percée importante pour le Parti libéral.

«Ça voudrait dire que ce que l'on fait correspond aux souhaits et aux aspirations des Québécois», estime le député Pablo Rodriguez, qui était aux commandes de la campagne électorale du Parti libéral au Québec en 2015.

Les libéraux n'y ont pas élu de député depuis 37 ans.

Trois visites au Lac-Saint-Jean

Les conservateurs sont confiants de pouvoir conserver ce siège. Leur chef, Andrew Scheer, est allé trois fois au Lac-Saint-Jean depuis le mois de mars. Il y a passé trois jours récemment où il a rencontré des producteurs agricoles, des propriétaires d'entreprises et des travailleurs forestiers avec son candidat Rémy Leclerc.

Celui-ci promet de faire reculer les libéraux sur la légalisation de la marijuana, un enjeu qui suscite une vive opposition chez les Jeannois.

«On regarde notre pointage, on regarde notre organisation, on regarde le travail qui a été fait sur le terrain, on regarde notre candidat qui a travaillé pendant 10 ans avec Denis Lebel, on regarde les enjeux qui préoccupent les citoyens et on additionne tout ça», énumère le lieutenant politique du parti au Québec, Alain Rayes.

«Il nous reste peut-être la notoriété de Justin Trudeau en ligne de compte, mais je pense que les gens font la part des choses. Donc, entre prendre un "selfie" avec Justin Trudeau et aller mettre un X à côté du Parti libéral, je pense qu'il y a un monde.»

Le vote syndical

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) espère que sa candidate, Gisèle Dallaire, pourra combler l'écart - moins de 3000 votes - qui la séparait de Denis Lebel en 2015.

«Il y a 40 députés libéraux du Québec, mais sur un paquet d'enjeux, que ce soit le lait diafiltré, la foresterie, la petite et moyenne entreprise, on ne les entend pas», affirme le lieutenant du parti pour le Québec, Alexandre Boulerice.

«On a 40 fantômes ou 40 criquets, donc je ne pense pas que d'en ajouter un 41e, ça ferait une différence», poursuit-il.

Le nouveau chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, est allé épauler la candidate il y a deux semaines. Son turban a attiré les regards, mais il a mis l'accent sur ses points communs avec les Québécois.

Remporter Lac-Saint-Jean prouverait que ses signes religieux ne constituent pas un obstacle au Québec.

Le Bloc québécois pourrait toutefois aller chercher une part du vote du NPD avec le candidat Marc Maltais, un syndicaliste qui s'est fait connaître du grand public lorsqu'il a défendu les travailleurs en lock-out de l'usine de Rio Tinto Alcan à Alma en 2012. Les 650 travailleurs de cette usine lui ont donné leur appui.

«Ce serait important d'envoyer un message clair au gouvernement actuel que ce qu'on veut, c'est plus que des égoportraits et des messages creux, affirme le député Mario Beaulieu, également président du Bloc québécois. On veut des actions pour le Lac-Saint-Jean, des actions pour le Québec.»

En plus d'envoyer un message au gouvernement, l'élection d'un 11e député bloquiste dans la région où le parti est né pourrait lui donner un regain de vie, selon lui.

«Ce serait vraiment une victoire importante, ça enverrait un signal que le Bloc québécois continue à progresser», dit-il.

Tous les partis le concèdent, ce qui fera la différence lundi ce sont les équipes de bénévoles sur le terrain qui inciteront les électeurs à aller voter. Le taux de participation pour une élection partielle est généralement plus bas que lors d'une élection générale.

Environ 7 % des 85 000 électeurs ont déjà voté par anticipation dans Lac-Saint-Jean.

Qui succédera à Rona Ambrose ?

Les électeurs de Sturgeon River-Parkland en Alberta choisiront également un nouveau député lundi pour remplacer la conservatrice Rona Ambrose qui a quitté la vie politique en mai. Elle avait remporté l'élection fédérale de 2015 avec plus de 70 % du vote. Le premier ministre Justin Trudeau s'y est tout de même rendu vendredi pour appuyer le candidat libéral Brian Gold, qui provient du milieu des affaires. Les conservateurs ont choisi Dane Lloyd, un attaché politique qui a travaillé pour divers ministres lorsque le parti était au pouvoir.