Des «mesures» dont la nature n'a pas été dévoilée ont été prises pour évaluer «le rôle» de Lynn Beyak au sein du caucus conservateur à la lumière de nouvelles déclarations controversées de la sénatrice au sujet des Autochtones.

La sénatrice conservatrice de l'Ontario se retrouve sur la sellette pour une deuxième fois en l'espace de quelques mois à peine en raison de propos jugés offensants qu'elle formule sur les peuples autochtones du Canada.

Au printemps dernier, elle avait provoqué l'indignation en déclarant dans un discours au Sénat qu'il y avait de bonnes intentions derrière les pensionnats autochtones. Cette fois, elle a choqué en formulant une curieuse suggestion dans un texte publié sur son site internet.

«Personne ne s'en va, alors cessons la culpabilisation et les blâmes, et trouvons une façon de cohabiter et de partager. Échangez votre certificat de statut (indien) contre la citoyenneté canadienne (...) et allons de l'avant comme les leaders le font déjà à Ottawa», a-t-elle écrit.

Les Autochtones qui sont nés au Canada sont des citoyens canadiens.

En tenant de tels propos dans un texte daté du 1er septembre, Mme Beyak a fait une nouvelle fois la démonstration «qu'elle ne comprend clairement pas» ces enjeux, s'est désolée la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett.

«Je suis profondément déçue que la sénatrice Lynn Beyak continue à faire des commentaires mal informés et simplement offensants», a-t-elle déclaré dans un communiqué transmis par son attachée de presse.

Dans son texte, la sénatrice Beyak signale par ailleurs qu'elle n'a pas changé d'avis au sujet du système des pensionnats autochtones, et ce, même si cela lui avait valu d'être expulsée du comité sénatorial permanent des peuples autochtones, où elle siégeait, en avril dernier.

Son propre parti s'était dissocié de ses commentaires, mais ceux-ci ne lui avaient pas coûté sa place au sein du caucus conservateur. Tant du côté de la Chambre que du côté du Sénat, on a refusé de dire si elle était toujours membre du caucus, jeudi.

«On ne fera aucun commentaire», a martelé à maintes reprises Jake Enwright, porte-parole au bureau du chef de l'opposition officielle, Andrew Scheer, référant toutes les demandes de précision au leadership conservateur de la chambre haute.

Chez Larry Smith, leader du Parti conservateur au Sénat, on n'a pas voulu en dire davantage, soutenant que la déclaration écrite qui a été publiée sur le compte Twitter du sénateur montréalais parlait d'elle-même.

«Les opinions personnelles exprimées par la sénatrice Lynn Beyak ne reflètent pas les positions du caucus conservateur du Sénat. En conséquence, nous avons pris de nouvelles mesures au sujet du rôle de la sénatrice Beyak dans notre caucus», a déclaré M. Smith.

La nature des mesures en question n'a pas été spécifiée.

La principale intéressée a pour sa part publié jeudi un communiqué dans lequel elle se pose en victime d'un traitement médiatique injuste. En mars dernier, Mme Beyak avait plaidé que ses propos avaient été mal interprétés, en cette «ère de fausses nouvelles et d'exagérations».

Alors qu'elle se trouvait plongée dans la controverse, la sénatrice Beyak avait pu compter sur l'appui de certains de ses collègues du caucus conservateur. Le député Maxime Bernier, qu'elle avait appuyé dans la course à la chefferie, s'était notamment porté à sa défense.

Côté Sénat, son collègue conservateur Jean-Guy Dagenais avait déploré qu'elle doive s'excuser d'avoir «une opinion différente». Un autre sénateur québécois, Ghislain Maltais, avait assuré Lynn Beyak que «tous les membres du caucus» étaient derrière elle.