Ceux qui préfèrent fumer la résine du plant de cannabis (haschisch) à ses feuilles séchées devront attendre avant de s'en procurer en toute légalité dans les points de vente autorisés.

C'est ce qu'a confirmé mercredi soir le gouvernement fédéral après que l'un des principaux architectes de la légalisation de la substance eut affirmé le contraire en marge des audiences du comité qui étudie le projet de loi C-45.

Le secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice, Bill Blair, a été catégorique lorsqu'on lui a demandé si le haschisch serait légal le 1er juillet 2018 - date à laquelle Ottawa souhaite la légalisation du cannabis.

«Oui. La réponse, simplement, est oui. Le haschisch, en tant qu'autre forme de cannabis, est compris dans C-45», a-t-il tranché mercredi après-midi.

«Ce sera légal et réglementé», a-t-il enchaîné en réponse à une demande de clarification de La Presse canadienne.

Pour appuyer ses propos, l'ancien chef de police de Toronto a tourné les pages jusqu'à l'annexe 3 de la mesure législative, où se trouve un tableau d'équivalences de quantité pour les diverses catégories de cannabis.

«Il y a, dans le projet de loi, des équivalences pour les quantités (...) incluant une équivalence pour la résine de cannabis, qui est du haschisch», a-t-il expliqué.

Quelques heures plus tôt, un autre secrétaire parlementaire - celui de la ministre de la Santé - disait pourtant que la légalisation du haschisch viendrait plus tard.

Le député Joël Lightbound a expliqué que cela se ferait dans un deuxième temps, comme il est prévu de procéder dans le cas des produits comestibles, par exemple.

Le bureau de la nouvelle ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, a ensuite donné raison à son secrétaire parlementaire.

«Étant donné que le haschisch ne figure pas actuellement à l'annexe 4 de la loi, il ne serait pas permis lorsque le projet de loi sur le cannabis entrera en vigueur», a expliqué un porte-parole.

L'annexe 4 de la mesure législative énumère les catégories de cannabis qu'une personne autorisée pourra vendre lorsque la loi sera en vigueur.

«Cela dit, tout comme les produits comestibles au cannabis, le haschisch pourrait être ajouté à l'avenir, une fois que des dispositions réglementaires appropriées pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens seront mises en place», a-t-on ajouté chez Mme Petitpas Taylor.

Le bureau de la ministre de la Santé a aussi contredit le secrétaire parlementaire Blair sur un autre aspect.

La forme de cannabis qu'avait identifiée le député, «cannabis sous forme d'un concentré solide», ne désigne pas du haschisch, a-t-on signalé.

«C'est un cannabis sous forme d'un concentré solide, communément appelé »shatter«. C'est un concentré solide de THC qui vient du cannabis», a-t-on expliqué.

En milieu de soirée, mercredi, le ministère de la Justice a voulu dissiper le doute sur les intentions du gouvernement concernant la résine de cannabis.

«Nos regrets s'il y a eu confusion. La réponse que vous avez reçue du ministère de la Santé est exacte», a écrit dans un courriel Kathleen Davis, attachée de presse de la ministre de la Justice.

Le comité permanent de la santé se penche toute la semaine de manière intensive sur le projet de loi C-45.

Des représentants des forces policières ont prévenu mardi les élus qu'il leur serait «impossible» d'être prêts à temps pour la date butoir du 1er juillet 2018 fixée par le gouvernement Trudeau.

En réponse à ces propos, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a soutenu mercredi que le fédéral était «impatient» de légaliser la marijuana en 2018.

Il a rappelé que le gouvernement libéral avait récemment annoncé un financement de 274 millions sur cinq ans pour former les policiers et lutter contre l'infiltration du crime organisé.

Le ministre Goodale a assuré qu'Ottawa tiendrait compte des préoccupations des policiers, tout en disant que l'échéancier des libéraux était raisonnable.

Il a ajouté que bien du chemin pourrait être parcouru d'ici dix ou onze mois.