Carla Qualtrough voulait faire du ski nautique, et ce n'est certainement pas sa déficience visuelle qui allait l'en empêcher. La jeune femme avait alors trouvé le moyen d'atteindre son but: lorsqu'il était temps de faire avancer le bateau, son père chantait. Et lorsqu'il était rendu à certaines parties la chanson, elle savait qu'elle devait sauter, se lever et skier à la surface de l'eau.

Il a fallu quelques essais avant que tout fonctionne, explique Ana Arciniega, directrice générale de la Delta Gymnastics Society, à Delta, en Colombie-Britannique, qui s'est fait raconter cette histoire par la ministre fédérale la première fois qu'elles se sont rencontrées.

Mme Qualtrough n'était pas tracassée par sa malvoyance, se souvient Mme Arciniega. Elle ne faisait que trouver un plan - comme celui du ski nautique - pour réaliser ce qu'elle souhaitait faire.

«Je crois que cela a vraiment influencé qui elle est devenue, parce qu'elle n'a manifestement pas peur des gros défis», confie Ana Arciniega.

Carla Qualtrough a maintenant nouveau défi devant elle. Après avoir été ministre des Sports et des Personnes handicapées - un choix naturel pour cette avocate aveugle au sens de la loi qui a gagné trois médailles aux Jeux paralympiques de Séoul et Barcelone en 1988 et 1992 -, la politicienne de 45 ans a obtenu un plus grand rôle: celui de ministre des Services publics et de l'Approvisionnement.

Ce ministère important et complexe, dont elle a pris la direction après la démission de la députée Judy Foote, comprend de nombreux écueils, dont le fiasco du système de paye Phénix et l'approvisionnement militaire.

Anne Merklinger, chef de la direction de l'organisation À nous le podium, a été impressionnée par le parcours de Mme Qualtrough au sein du ministère des Sports.

«Il s'agit, comme elle le dirait, de faire des longueurs», illustre Mme Merklinger.

Dévouée à la cause des personnes handicapées

Dans la communauté des personnes handicapées, les intervenants étaient ravis d'avoir, pour la première fois de l'histoire, une ministre complètement dévouée à la cause - l'une des leurs.

Bonnie Brayton, directrice générale nationale du Réseau d'action des femmes handicapées (RAFH), se souvient de l'écoute dont la ministre avait fait preuve lors du débat sur l'aide médicale à mourir. Des gens qui vivaient avec un handicap avaient peur de subir des pressions.

«Nous étions dans une humeur sombre, inquiets de ce qui pourrait arriver ensuite», explique-t-elle. «Et sa présence, son réconfort, quand elle nous a dit qu'elle allait rester à nos côtés et qu'elle allait nous protéger, ont été importants pour tous.»

David Lepofsky, avocat et défenseur des personnes handicapées, s'est réjoui de voir Mme Qualtrough viser haut lorsqu'il a été question de la loi sur l'accessibilité qui donnerait des directives aux banques, aux entreprises de télécommunications et à tous les lieux de compétence fédérale.

«Elle a dit que le coeur de cette loi devait être l'embauche des personnes handicapées. On ne peut pas être efficace quant à l'employabilité des personnes handicapées sans s'attaquer aux barrières en éducation, dans le transport et à toutes les autres barrières auxquelles elles font face», soutient-il.

James Hicks, coordonnateur national du Conseil des Canadiens, prédit que la ministre continuera de défendre les droits des personnes handicapées même dans son nouveau rôle.

«Nous avons fait pression (sur le gouvernement libéral) pour qu'il utilise son pouvoir de dépenser afin d'encourager les provinces et les territoires à devenir plus accessibles.»

Carla Qualtrough a été élue pour la première fois dans la circonscription britanno-colombienne de Delta en 2015.  Elle est née à Calgary, mais elle a déménagé à Langley, en Colombie-Britannique, à un très jeune âge.