L'attaque ne sera pas la réaction automatique de l'opposition au sujet des renégociations de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), affirme le nouveau porte-parole du Parti conservateur en matière d'Affaires étrangères, Erin O'Toole.

Le député conservateur avance que son parti est prêt à offrir un soutien non partisan au gouvernement libéral, alors que la deuxième ronde de négociations s'est amorcée cette fin de semaine à Mexico.

Toutefois, cette main ne restera tendue que si les libéraux gardent leur attention sur la création d'emplois, le maintien de l'accès aux marchés et le nivellement d'un terrain de jeu qui a permis au Mexique de bénéficier d'un avantage inéquitable en matière de main-d'oeuvre selon lui.

Erin O'Toole ajoute que les conservateurs n'ont pas de temps à consacrer aux «signalements vertueux» sur les enjeux concernant les genres, les Autochtones et l'environnement que le gouvernement a inscrit sur sa liste de priorités de négociations.

Le porte-parole conservateur prévient que si le gouvernement pousse ces priorités trop loin, son parti va devoir retourner en mode «bataille politique».

«Personnellement, je ne débute pas toujours par l'attaque si ce n'est pas nécessaire. J'en suis tout à fait capable et même très efficace si on doit en venir à ça», a répondu M. O'Toole en entrevue.

Les libéraux n'ont pas apprécié les commentaires de M. O'Toole, et ils l'ont fait savoir sur Twitter.

«(La renégociation) de l'ALENA ne représente pas un nivellement par le bas en environnement, qui n'est pas un »signalement vertueux«», a écrit la ministre de l'Environnement Catherine McKenna. «Le PCC ne le comprend juste pas.»

Le secrétaire principal du premier ministre Trudeau, Gerald Butts, a rappelé que M. Scheer avait récemment dit que l'environnement et l'économie «allaient de pair». «Cela a duré une semaine. C'est encore le parti de Stephen Harper», a-t-il ajouté.

La position de M. O'Toole sur l'ALENA a été adoptée à l'issue de discussions entre le porte-parole et son nouveau chef Andrew Scheer. Elle survient à peine un mois après que libéraux et conservateurs se soient échangé des pointes partisanes au sujet de l'ALENA. Cette escarmouche estivale est venue atténuer l'éclat d'un rare apaisement convenu entre les deux partis. Plus tôt cette année, la chef intérimaire du PCC Rona Ambrose avait offert l'appui de son parti à Justin Trudeau alors qu'il cherchait à trouver un terrain d'entente avec le président américain anti-ALENA Donald Trump.

L'ex-premier ministre et ex-chef du Parti progressiste-conservateur, Brian Mulroney - qui a présidé la négociation originale du traité de libre-échange avec les États-Unis -, a aussi offert des informations au cabinet de Justin Trudeau à propos de Donald Trump, son voisin de longue date en Floride.

Puis, les vieilles lignes ennemies ont refait surface après qu'Ottawa eut versé 10,5 millions $ en compensation à Omar Khadr, le citoyen canadien détenu et torturé à la prison américaine de Guantanamo Bay, à Cuba.

De nombreux députés conservateurs ont dénoncé cette compensation dans divers médias américains, dont Peter Kent dans une colonne du Wall Street Journal intitulée «Le grand jour de paye d'un terroriste, courtoisie de Trudeau».

Justin Trudeau avait alors accusé Andrew Scheer d'affaiblir la position canadienne aux États-Unis à la veille des négociations de l'ALENA. Des accusations rejetées par M. Scheer qui les a qualifiées de tentative désespérée de changer le sujet du débat.

Maintenant, d'après Erin O'Toole, la poussière est retombée. Il dit vouloir travailler de bonne foi parce que le traité de libre-échange fait partie de l'héritage du Parti conservateur.