Le candidat à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD), Guy Caron, respecte le droit du Québec de légiférer en matière de laïcité même s'il estime que l'État ne doit pas indiquer aux gens ce qu'ils devraient porter.

M. Caron a présenté mercredi un plan pour le Québec visant à regagner la confiance des Québécois qui a été perdue lors de la dernière élection fédérale. Le nombre de députés néo-démocrates québécois avait alors fondu, passant de 53 à 16.

La position du parti sur le port du niqab lors des cérémonies de citoyenneté avait marqué un point tournant. Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair avait alors soutenu que le gouvernement fédéral n'avait pas à dire aux femmes quoi porter ou ne pas porter, ce qui avait suscité un malaise au sein de ses troupes québécoises.

«Il faut faire un constat, a affirmé Guy Caron en entrevue. Il faut pouvoir analyser l'élection de 2015 et présenter une offre dans le cadre de la course à la chefferie, mais pour la place du Québec dans le NPD.»

Il présente une Déclaration de Sherbrooke 2.0 qui contient une mise à jour sur la question de la laïcité et la ratification de la Constitution canadienne par le Québec. Cette politique adoptée par le parti en 2005 définissait le statut particulier réservé au Québec dans un gouvernement fédéral néo-démocrate.

«Je pense que ce n'est pas à l'État de dire aux gens quoi porter ou ne pas porter, mais en ce qui a trait au Québec, le débat se passe à l'Assemblée nationale et le Québec a les pouvoirs dans sa juridiction, a-t-il dit. Je désire reconnaître ce pouvoir et reconnaître le caractère national du Québec.»

Le gouvernement Couillard vient d'élargir la portée du projet de loi 62 sur la neutralité religieuse de l'État aux municipalités et aux sociétés de transport. En vertu de ce projet de loi, les services publics doivent être donnés et reçus à visage découvert. Il est toujours à l'étude.

Sur la question constitutionnelle, Guy Caron serait prêt à dialoguer avec le Québec puisqu'il estime qu'il est «problématique» que le Québec n'ait jamais adhéré à la loi fondamentale du pays.

Le premier ministre Justin Trudeau avait carrément fermé la porte en juin lorsque son homologue québécois, Philippe Couillard, avait proposé de relancer le débat constitutionnel.

«Est-ce que je veux en faire un cheval de bataille et dire qu'à la prochaine élection nous allons militer pour une réouverture de la Constitution? Non, a-t-il précisé. Mais s'il y a une demande qui est faite en toute bonne foi et extrêmement constructive, il est de notre responsabilité de voir si nous pouvons ouvrir le dialogue non seulement avec le Québec, mais avec les autres intervenants de la fédération et de voir si effectivement on peut en arriver à une entente.»

Loi 101 et entreprises fédérales

Le plan pour le Québec du député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques reprend d'autres positions pour lesquelles le NPD a déjà milité.

Par exemple, Guy Caron voudrait appliquer la loi 101 aux entreprises fédérales en territoire québécois s'il devient chef du NPD. Les entreprises du secteur des télécommunications, des médias, du transport et des banques devraient ainsi obligatoirement utiliser le français comme langue de travail.

Le NPD et Bloc québécois avaient chacun déjà tenté de faire adopter un projet de loi en ce sens en 2009 sans succès. Les libéraux et les conservateurs s'y opposaient.

Guy Caron promet également de légiférer pour rendre obligatoire le bilinguisme des juges de la Cour suprême, ce que réclame déjà le NPD à la Chambre des communes.

Les quatre candidats qui aspirent à remplacer Thomas Mulcair à la tête du NPD croiseront le fer dimanche lors d'un débat en français qui se tiendra à Montréal. Guy Caron est le seul candidat québécois.

Liste des candidats à la direction du Nouveau Parti démocratique en date du 23 août 2017

Charlie Angus: 54 ans, député de Timmins-Baie James (Ontario) depuis 2004, ex-président du caucus du NPD et ex-porte-parole pour les affaires autochtones. S'exprime en français avec hésitation. Nombre d'appuis au caucus: deux, dont la députée Christine Moore. Autres appuis notoires: le scientifique et environnementaliste David Suzuki, la présidente de l'Alliance de la fonction publique du Canada, Robyn Benson, de même que les ex-députés fédéraux Andrew Cash et Pat Martin.

Niki Ashton: 34 ans, députée de Churchill-Keewatinook Aski (Manitoba) depuis 2008, ex-porte-parole du NPD en matière d'emploi et de développement de la main-d'oeuvre. S'exprime en français avec quelques hésitations. Nombre d'appuis au caucus: cinq, dont le député Roméo Saganash. Autres appuis notoires: l'ex-député fédéral Joe Comartin. Elle est aussi soutenue par Cherri diNovo, ancienne candidate à la direction néo-démocrate actuellement députée à Queen's Park.

Guy Caron: 49 ans, député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques depuis 2011 (Québec), ex-porte-parole du NPD en matière de finances. Bilingue. Nombre d'appuis au caucus: deux, dont la députée Ruth Ellen Brosseau. Autres appuis notoires: les ex-députés fédéraux Yvon Godin et Rosanne Doré-Lefebvre. Il est également soutenu par l'ex-chef du NPD en Ontario, Howard Hampton.

Jagmeet Singh: 38 ans, député provincial de l'Ontario depuis 2011, chef adjoint du NPD dans cette province. S'exprime en français avec certaines hésitations. Nombre d'appuis au caucus: six, dont la députée Hélène Laverdière. Autres appuis notoires: le député fédéral Brian Masse et l'ancienne députée fédérale Mylène Freeman. Il est également soutenu par de nombreux députés provinciaux de l'Ontario et de la Colombie-Britannique.