Des élus municipaux à Cornwall, dans l'est de l'Ontario, ont dit être frustrés par le manque d'informations de la part du gouvernement fédéral concernant l'afflux de demandeurs d'asile qui franchissent la frontière canado-américaine depuis quelques semaines.

«Il y a des sentiments mitigés dans notre communauté sur ce qui devrait être fait ou ne devrait pas être fait», a affirmé le maire de Cornwall, Leslie O'Shaughnessy, lors d'une assemblée spéciale, lundi soir, pour livrer aux leaders municipaux une mise à jour sur l'arrivée de centaines de demandeurs d'asile haïtiens que le gouvernement fédéral a décidé d'envoyer dans leur ville.

Près de 40 résidants ont bondé la petite salle de conseil pour entendre les propos d'officiels du ministère fédéral de l'Immigration et de l'Agence des services frontaliers du Canada, de même que de leurs propres représentants locaux.

M. O'Shaughnessy s'est montré peu rassuré par les réponses des hauts responsables fédéraux, et les a appelés à revenir à Cornwall pour répondre directement aux questions du public.

«Nous ne voulons pas créer une situation dans laquelle nous entraînons des divisions au sein de notre communauté», a dit le maire, ajoutant que pour y arriver, il faut offrir aux citoyens «une information claire et adéquate dans un délai convenable».

Bradley Nuttley, le responsable des services d'urgence de la municipalité, a décrit la construction par les Forces armées canadiennes d'un «village de tentes à défaut d'une meilleure expression» sur l'extrémité d'un terrain d'un petit centre de congrès privé. Ces tentes doivent permettre un hébergement temporaire pour 500 personnes dans les mois à venir pendant qu'elles attendent le traitement de leur dossier de demandeurs d'asile.

«Pouvez-vous imaginer le bruit qui sortira de là?», a lancé après la rencontre John Thomson, 70 ans, qui réside près du terrain où sont installées les tentes.

«Ce fut une rencontre lamentable sans questions», a-t-il ajouté.

Néanmoins, environ une dizaine de membres du public à l'étage ont applaudi lorsque la conseillère Elaine MacDonald a dit espérer que certains des demandeurs d'asile demeurent à Cornwall et abandonnent leur plan de se rendre à Montréal.

Jules Bourdon, 73 ans, a dit croire que les Haïtiens pourraient donner la chance à Cornwall de faire grimper le nombre de locuteurs du français, qui se situerait à environ 20%.

«Je ne suis pas contre la venue de nouveaux immigrants dans la région, et j'espère que nous pourrons les intégrer», a-t-il affirmé.

Le constable Daniel Cloutier, un porte-parole de la police de Cornwall, affirme que près de 300 Haïtiens sont arrivés récemment dans la municipalité pour demander la protection du Canada. Il n'y a eu aucun problème jusqu'à maintenant, et il ne devrait pas y en avoir à l'avenir, a-t-il ajouté.

Environ 3800 demandeurs d'asile sont arrivés au Québec dans les deux premières semaines du mois d'août, en plus des quelque 2996 autres qui avaient fait la même traversée en juillet.

Ces personnes sont principalement d'origine haïtienne. Celles-ci semblent craindre que l'administration de Donald Trump aux États-Unis mette fin à un statut de protection temporaire obtenu dans la foulée du tremblement de terre de 2010.

La semaine dernière, le ministre des Transports Marc Garneau a annoncé que des structures d'hébergement temporaire seraient érigées à Cornwall.

PC

Près de 40 résidants ont écouté les propos d'officiels dans un bureau de Cornwall, lundi.