Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu a quitté les groupes Facebook hostiles à l'immigration dont il était membre jusqu'à tout récemment, et qu'il disait vouloir continuer à suivre.

Le sénateur conservateur affirmait vendredi dernier qu'il ne comptait pas annuler son adhésion à un groupe fréquenté par des sympathisants de La Meute, «NON aux accommodements religieux», et à un autre appelé «Amis patriotes de Marine Le Pen», consacré à la dirigeante du Front national.

En entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, il avait fait valoir que l'on ne pouvait «absolument pas» apposer une étiquette anti-immigration à ces groupes, qu'il suivait «par curiosité» et dont il disait avoir l'intention de demeurer membre.

Le sénateur est toutefois revenu sur sa décision, puisque les deux groupes Facebook ne figuraient plus sur la liste de ceux auxquels il adhère, lundi. Il a été impossible d'obtenir des explications sur les motifs derrière ces désabonnements auprès de son bureau.

Le leadership conservateur aux Communes et au Sénat a refusé de commenter cette affaire.

Au bureau du chef de l'opposition officielle en Chambre, Andrew Scheer, on n'a pas voulu dire si l'on avait demandé à M. Boisvenu d'annuler ses adhésions. «Je continue de vous référer au bureau du leader de l'opposition au Sénat», a écrit dans un courriel un porte-parole, Jake Enwright.

Chez le sénateur Larry Smith, on a assuré qu'aucune consigne n'avait été donnée au membre du caucus conservateur, mais on n'a pas été plus loquace. «On a regardé ça et jugé que ce n'était pas nécessaire d'interroger le sénateur Boisvenu», a affirmé en entrevue une porte-parole, Nicole Beck.

Elle a par ailleurs formulé au passage le souhait «que ce (la couverture au sujet de M. Boisvenu) soit fini dans les médias».

La semaine dernière, le sénateur s'était désabonné du groupe de PEGIDA Québec sur Facebook en plaidant qu'il l'avait rejoint «peut-être par accident» lorsque le quotidien La Presse l'avait interrogé sur cette situation.

Il a maintenu cette version des faits vendredi dernier en entrevue avec La Presse canadienne.

Au fil de cet entretien téléphonique, il avait ensuite partagé ses inquiétudes par rapport aux politiques migratoires du gouvernement de Justin Trudeau et s'était vigoureusement porté à la défense de celles de la présidente du Front national, Marine Le Pen.

«Elle ne s'est jamais opposée à l'immigration. Ça, ce sont les médias qui véhiculent ces idées-là», avait lancé Pierre-Hugues Boisvenu à l'autre bout du fil.

«Ce qu'elle dit, c'est qu'elle est contre l'immigration débridée, elle est contre l'entrée massive (d'immigrants) en France - en France, j'y vais régulièrement, et le portrait de la France a changé au cours des 15 dernières années de façon assez grave dans certains secteurs», avait-il soutenu.

«Allez faire un tour à Marseille! Allez à Marseille; Marseille est rendue une ville où on ne retrouve plus le profil de la France telle qu'elle l'était il y a 20 ans», avait enchaîné le sénateur connu pour sa défense de la loi et de l'ordre.

Il avait d'ailleurs partagé sur sa page Facebook des publications témoignant de son opposition à Emmanuel Macron, qui a finalement eu le dessus sur sa rivale d'extrême droite au deuxième tour de la présidentielle en France, en mai dernier.

Sous l'une d'elles, à quelques jours du scrutin français, il avait suggéré que les femmes étaient plus susceptibles de voter pour des candidats ayant un physique avantageux comme le fondateur du mouvement «En marche!», qui a remporté les clés de l'Élysée.

Ce sont «surtout les femmes qui sont influencées par l'apparence physique... elles sont plus soft en politique, moins agressives... donc un beau jeune leader attire leur attention et par ricochet, leurs votes... les idées sont moins importantes... superficielles ces femmes en politique?», écrivait-il.