Le premier ministre Justin Trudeau a attiré beaucoup l'attention des médias à l'international, mais cette fois les projecteurs sont tournés sur son conseiller Gerald Butts, et sur ses relations avec une figure controversée à la Maison-Blanche.

Steve Bannon, le controversé stratège du président américain Donald Trump, a confié au New Yorker qu'il était devenu ami avec Gerald Butts, le secrétaire principal du premier ministre Justin Trudeau, après une rencontre à New York durant la transition de gouvernement aux États-Unis.

M. Bannon est un ancien leader du site web conservateur Breitbart News, qu'il avait déjà présenté comme la «plateforme pour l'"alt-right", une branche du conservatisme aux États-Unis qui combine des éléments de racisme, de nationalisme blanc et de populisme.

Selon le magazine américain, le conseiller canadien aurait dit à M. Bannon qu'il serait rentable électoralement pour le président américain de hausser les impôts des plus riches.

«Il n'y a rien de mieux pour un populiste qu'un riche qui augmente le taux d'imposition des riches», aurait dit M. Butts à M. Bannon selon le magazine.

Le porte-parole du premier ministre, Cameron Ahmad, n'a pas commenté directement le contenu de l'article, mais il a souligné que le gouvernement libéral travaillait intensivement pour bâtir une relation forte et constructive avec l'administration Trump.

M. Ahmad a ajouté que les ministres avaient aussi tendu la main à leurs homologues américains, notamment dans une vaste campagne en vue des négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ayant débuté mercredi à Washington.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a exhorté M. Butts à «renier immédiatement» son amitié avec M. Bannon, qui serait apparemment en froid avec le président.

M. Mulcair a ajouté que cela permettrait au gouvernement Trudeau de passer de la parole aux actes après qu'il eut critiqué le racisme entourant les violences de la fin de semaine dernière en Virginie.

«Cela signifie que le principal conseiller et ami (de M. Trudeau) doit immédiatement renier toute amitié qu'il peut avoir avec Steve Bannon», a affirmé M. Mulcair.

Le stratège conservateur Chad Rogers a affirmé qu'il était sage pour M. Butts de tisser des liens avec l'administration Trump afin de maintenir les ponts avec les États-Unis, et ce, même si les deux gouvernements ont des idées politiques bien différentes.

«Avoir des amis à la Maison-Blanche qui répondront à vos appels est bon pour le Canada», a dit M. Rogers, un partenaire fondateur de Crestview Strategy.

Greg MacEachern, un ancien stratège libéral qui oeuvre désormais à la firme de lobby Environics Communications, a affirmé que ce que M. Mulcair demande est irresponsable.

«M. Mulcair a aussi qualifié le président Trump de fasciste», a dit M. MacEachern, ajoutant que les négociations sur l'ALENA signifient que le gouvernement doit agir avec prudence pour protéger les emplois au Canada qui dépendent du commerce avec les États-Unis.

«M. Mulcair n'a pas cette responsabilité», a-t-il souligné.

La Presse canadienne, Sean Kilpatrick

Gerald Butts, le secrétaire principal de Justin Trudeau