Les ministres de l'Agriculture des provinces et des territoires ont conclu un partenariat de trois milliards de dollars avec Ottawa visant à renforcer l'industrie et à développer de nouveaux marchés alors que les responsables fédéraux se préparent à d'imminents pourparlers commerciaux avec les États-Unis.

L'objectif du Partenariat canadien pour l'agriculture est d'aider le secteur à trouver des innovations qui stimuleront la productivité, créeront de nouveaux partenaires et atténueront les problèmes environnementaux, a soutenu le ministre fédéral de l'Agriculture, Lawrence MacAuley.

Le cadre stratégique, qui s'échelonnera sur cinq ans et entrera en vigueur le 1er avril 2018, a été dévoilé vendredi au terme de la rencontre annuelle de deux jours entre M. MacAulay et ses homologues des provinces et des territoires à St-Jean de Terre-Neuve.

Le ministre fédéral a affirmé, en conférence de presse de clôture, que les 14 ministres réunis s'étaient mis d'accord sur le fait que le partenariat représente «la meilleure voie à suivre», ajoutant que personne, à sa connaissance, ne s'était senti mis de côté de quelque façon que ce soit.

Le partenariat s'articule autour de six grandes priorités, notamment la science et la recherche, le développement des marchés, le développement durable ainsi que la gestion de risques.

Le ministre québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Laurent Lessard, a salué «la flexibilité qui sera maintenue» avec le cadre stratégique prévu, selon un communiqué de son cabinet.

«Celui-ci permettra au Québec d'amorcer les négociations avec le gouvernement fédéral pour conclure un accord bilatéral, dans le but de mettre à la disposition de l'industrie agroalimentaire du Québec des programmes spécifiques», souligne-t-on.

Il a en outre été convenu qu'une révision des programmes de gestion de risques sera effectuée. Les ministres prévoient se pencher sur les développements à ce sujet quand ils se rencontreront de nouveau en juillet prochain.

À ce chapitre, le ministre MacAulay a dit espérer que la révision permettra d'assurer une couverture plus équitable pour les producteurs qui souscrivent au programme Agri-stabilité, lequel offre du soutien aux agriculteurs aux prises avec de mauvaises récoltes et d'importantes pertes.

L'Union des producteurs agricoles (UPA) a accueilli positivement la révision globale des programmes en gestion de risques, ajoutant toutefois que le financement de ceux-ci devrait être bonifié.

«Il est impératif de rétablir le financement des programmes à ce qu'il était avant les compressions de 2013. La simple reconduction du financement accordé ces dernières années ne représente pas un appui à la hauteur du potentiel des agriculteurs canadiens et québécois», a fait valoir le président général de l'UPA, Marcel Groleau, par voie de communiqué.

L'UPA déplore en outre le fait que le ministre fédéral n'ait pas fourni plus de détails sur les programmes de compensation pour les producteurs laitiers et fromagers en vue de l'entrée enh vigueur progressive de l'Accord économique et commercial global (AECG).

Le ministre de l'Agriculture de la Saskatchewan, Lyle Stewart, a aussi émis des réserves quant au Partenariat canadien pour l'agriculture, critiquant de son côté le fait qu'il sera possible pour des agriculteurs de se joindre tardivement au programme Agri-stabilité.

«La Saskatchewan ne soutient pas la participation tardive à Agri-stabilité alors que nous croyons que cela va directement à l'encontre du principe de la gestion de risques proactive et ne règle pas un problème identifié par les producteurs», a dit le ministre en précisant que la province n'avait pas l'intention de mettre cette mesure en application sur son territoire.

Son homologue de la Nouvelle-Écosse, Keith Colwell, a quant à lui souligné que le partenariat dispose d'un «meilleur cadre que le dernier».

L'ensemble des ministres ont par ailleurs profité de l'occasion pour réaffirmer leur soutien au système de gestion de l'offre, alors que le Canada se prépare aux pourparlers de renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).