Les aspirants à la succession de Thomas Mulcair ont jusqu'à la fin de la journée lundi pour poser leur candidature. Cinq personnes se sont déjà lancées dans la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD). Il leur reste maintenant trois mois pour convaincre les militants.

Charlie Angus

Député néo-démocrate élu pour la première fois en 2004, Charlie Angus représente la circonscription de Timmins-Baie James dans le nord de l'Ontario. Près du tiers des électeurs ont le français comme langue maternelle, si bien que le candidat à la direction du NPD en a fait la langue de travail dans son bureau de comté. L'homme de 54 ans, dont le groupe de musique Grievous Angels a déjà été en nomination aux prix Juno, est le deuxième candidat à s'être lancé dans la course. Il sillonne le pays depuis. Charlie Angus doit faire un arrêt à Québec cette semaine avant de se rendre en Saskatchewan. Il espère donner un second souffle au parti dans la Belle Province. «La plateforme électorale du NPD pour les Québécois durant la dernière élection était très faible, explique-t-il. On a eu beaucoup de succès en 2011 avec Jack (Layton) grâce au bon travail entre le NPD et le mouvement progressiste du Québec. En 2015, où était la vision pour les Québécois?»

La précarité des emplois, l'accès à du logement abordable et l'environnement le préoccupent. Il est contre Énergie Est et tout autre projet d'oléoduc. Il préfère trouver un équilibre entre le développement économique et la protection de l'environnement. «C'est essentiel d'avoir un parti avec une vision pour protéger les intérêts des nouvelles classes ouvrières, pour répondre aux crises de l'environnement et aussi assurer justice pour les communautés autochtones», résume-t-il.

Niki Ashton

La politique est une affaire de famille pour Niki Ashton. La femme de 34 ans en est à sa deuxième course à la direction du NPD et - fait inusité - son père mène parallèlement sa propre course à la direction du NPD du Manitoba. Elle est la seule candidate féminine et probablement aussi la première femme enceinte à faire campagne pour diriger un parti. «Il y a plusieurs personnes, homme ou femme, qui m'ont dit clairement qu'ils sont fiers d'être dans un parti où une jeune femme enceinte peut se présenter comme chef, dit-elle en français. Je ne savais pas à quoi m'attendre exactement, mais c'est très positif et très encourageant.»

Originaire de Thompson au Manitoba, Niki Ashton est députée depuis 2008. Elle représente la circonscription de Churchill-Keewatinook Aski dans le nord de cette province. Résolument à gauche, elle se dit inspirée par le candidat déçu à l'investiture démocrate aux États-Unis, Bernie Sanders, et par Jeremy Corbyn, le chef du Parti travailliste en Grande-Bretagne. «Il faut reconnaître que le Canada change à cause de l'inégalité croissante, à cause du défi des changements climatiques et reconnaître que les gens cherchent des politiques audacieuses», affirme-t-elle. Elle rejette le néolibéralisme, l'austérité et les accords de libre-échange dans leur forme actuelle. Elle s'oppose également aux projets d'oléoduc comme Énergie Est. Elle propose, entre autres, la création d'un programme national d'emploi, une réforme de l'impôt et la création d'une société d'État pour investir dans les énergies vertes. «Il y a beaucoup de travail à faire au Québec, mais il y a aussi beaucoup de potentiel pour rebâtir le parti», remarque-t-elle en citant sa prise de position pour la gratuité scolaire.

Guy Caron

Seul Québécois à briguer la direction du NPD, Guy Caron estime qu'il est le meilleur candidat pour ramener l'unité au sein du parti. L'économiste de formation, originaire de Rimouski, a été élu à la Chambre des communes lors de la vague orange de 2011. Sa vision repose sur trois piliers : la création d'un revenu de base garanti, une réforme fiscale et la réforme du mode de scrutin, qu'il veut proportionnel mixte. «Je veux qu'on puisse prolonger la vision que Jack Layton avait du NPD, c'est-à-dire non seulement la conscience du Parlement, mais d'un parti qui se donne les moyens de pouvoir mettre en oeuvre cette vision en formant un gouvernement», souligne-t-il.

Guy Caron est contre Énergie Est dans sa forme actuelle, mais il ne va pas jusqu'à fermer la porte à tous les projets d'oléoduc. «Ça dépend de l'information qu'on a, explique-t-il. Présentement, il n'y a aucun moyen d'avoir de l'information crédible sur aucun projet.» Il milite pour une réforme en profondeur de l'Office national de l'énergie et du processus d'évaluation environnementale. Il veut également jeter des ponts entre les chefs des partis néo-démocrates partout au pays pour éviter les luttes fratricides comme celle qu'a connue le NPD sur la question des oléoducs. Le parti a également besoin de se reconnecter avec ses militants au Québec, mais aussi en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique, selon lui. Son inspiration : les assemblées de cuisine du collectif québécois Faut qu'on se parle auquel a participé celui qui est ensuite devenu le coporte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Il a reçu trois appuis, dont celui de la députée Ruth Ellen Brosseau.

Peter Julian

Premier candidat à se lancer dans la course à la direction, Peter Julian aime rappeler qu'il a appris le français à Chicoutimi. Le député de New Westminster-Burnaby en Colombie-Britannique est d'ailleurs retourné dans la région récemment pour y célébrer la Saint-Jean-Baptiste. Il a habité au Québec durant 15 ans et avait travaillé à l'époque à faire une percée néo-démocrate dans la province. Peter Julian estime que son parti peut regagner les appuis perdus depuis la dernière campagne électorale. «Quand j'ai débuté ma campagne, j'ai dit clairement que j'étais contre Énergie Est comme projet pour plusieurs raisons y compris les impacts sur les changements climatiques, raconte-t-il. C'était une prise de position osée, j'ai été critiqué dans certains coins, mais c'est quelque chose qui rejoint les Québécoises et les Québécois.» Les projets d'oléoducs sont trop risqués à son avis et ne permettent pas de réduire la production de gaz à effet de serre.

Des politiques de gauche et la possibilité de former un gouvernement sur la scène fédérale vont plus que jamais de pair à son avis. «La politique est en train de changer, dit-il. On l'a vu avec Bernie Sanders, avec Jeremy Corbyn et avec John Horgan en Colombie-Britannique quand il a dit qu'il était contre Kinder Morgan. Dans les trois cas, on a vu des succès, surtout chez les jeunes à cause du fait qu'ils ont pris des politiques osées.» C'est la vision du NPD qu'il propose aux militants pour la prochaine campagne électorale fédérale face à un Parti libéral qui n'aura pas rempli toutes ses promesses progressistes. Il mise sur son expérience parlementaire qui l'a amené depuis 2004 à occuper plusieurs postes où il devait exercer du leadership. Peter Julian a reçu l'appui de 12 députés ou ex-députés, dont celui d'Alexandre Boulerice.

Jagmeet Singh

Il est député, mais pas à Ottawa. Jagmeet Singh siège plutôt comme député provincial à Queen's Park où il était chef adjoint du NPD de l'Ontario. Vedette montante du parti dans cette province, il est le seul candidat à ne pas occuper un siège à la Chambre des communes. Il est le dernier à avoir lancé sa campagne qui s'articule autour de quatre enjeux: la lutte contre les inégalités, la lutte contre les changements climatiques, la réconciliation avec les Autochtones et la réforme électorale. Il est contre le projet d'oléoduc Énergie Est. «Je suis le seul candidat qui peut faire grandir notre parti et qui peut toucher les gens qui partagent les mêmes valeurs que notre parti, mais qui ne se sentent pas chez eux au NPD», affirme-t-il en français, soulignant son élection à la législature ontarienne dans une région loin d'être acquise aux néo-démocrates.

Il mise beaucoup sur les réseaux sociaux pour joindre les militants du NPD et sur son image sans toutefois se prendre trop au sérieux. L'homme de 38 ans, de religion sikhe, s'est récemment présenté aux militants québécois dans une vidéo où on le voit enrouler son turban en écoutant la musique de Roch Voisine pour expliquer d'où provient son intérêt pour l'apprentissage du français. Bien que la question du port de signes religieux dans la fonction publique ne soit toujours pas réglée au Québec, il ne croit pas que son turban et son kirpan constitueront un obstacle dans la province. «J'ai beaucoup de confiance dans le peuple québécois, c'est un peuple très ouvert, dit-il en précisant qu'il partage les mêmes valeurs progressistes que les Québécois. Ce qui m'inquiète, c'est plutôt quelqu'un comme Andrew Scheer (le chef du Parti conservateur) qui ne porte pas de signes religieux ostentatoires, mais qui est très influencé par sa religion puisqu'il est contre le mariage gai et l'avortement.»

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Dates-clés de la course à la direction du NPD:

- Fin des mises en candidature: 3 juillet

- Prochain débat: 11 juillet

- Dévoilement des résultats du premier tour: 1er octobre