Le premier ministre Justin Trudeau a célébré la diversité du Canada à l'occasion du 150e anniversaire du pays, mais il a aussi reconnu les tensions avec les peuples autochtones et a souligné la nécessité de se réconcilier avec eux.

Devant les nombreux Canadiens réunis sous la pluie sur la colline du Parlement, M. Trudeau a proclamé que le Canada «renaissait» pour cette occasion.

«Lorsqu'on revient sur notre histoire, on constate que notre passé est loin d'être parfait. Si beaucoup d'entre nous célèbrent le 150e du Canada, ce n'est pas le cas de tout le monde», a lancé le premier ministre sur la scène, tentant de faire écho notamment aux critiques de militants autochtones ayant installé non sans mal un campement à proximité - neuf personnes avaient été arrêtées puis relâchées peu après cette semaine.

Des visiteurs s'arrêtaient samedi au tipi installé non loin de la scène pour exprimer leur soutien aux militants ou pour discuter avec les «réoccupants» - selon les termes employés - d'un territoire algonquin.

«Pendant des siècles, les peuples autochtones ont été victimes d'oppression, à partir du moment où les premiers explorateurs se félicitaient de découvrir un »Nouveau Monde«. Et en tant que société, nous devons donc reconnaître les erreurs du passé, accepter nos responsabilités, et faire en sorte que chaque Canadien ait un avenir prometteur», a dit M. Trudeau.

Le premier ministre a ajouté qu'il y avait «beaucoup de travail devant nous pour nous réconcilier avec les Premières Nations, la nation métisse, les Inuit».

«Nous avons amorcé cette démarche ensemble. En tant que pays, nous avons pris l'engagement de faire de la relation de nation à nation, de gouvernement à gouvernement, d'Inuit à la Couronne, une priorité de la plus haute importance», a-t-il soutenu.

La présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel, a dit apprécier les déclarations du premier ministre sur les Premières Nations, mais elle aurait voulu entendre davantage de concret.

«Ce qu'il manque aussi dans ces propos c'est de dire comment on peut réparer les choses ou comment on peut mettre les choses en action», a réagi Mme Michel.

Prenant la parole plus tard au cours de l'événement, le gouverneur général du Canada, David Johnston, a lui aussi fait allusion au territoire algonquin ancestral.

«L'esprit à la base de notre confédération (repose) sur des principes fondamentaux : la paix, l'équité et le respect de la diversité», a-t-il relevé dans la langue de Molière, ajoutant en anglais, un peu plus tard, que le Canada n'avait toutefois pas toujours été «à la hauteur de ses principes».

L'esprit était à la fête même si la pluie s'est abattue sur la capitale nationale une bonne partie de la journée.

Après le discours du premier ministre, le chanteur et le guitariste du groupe irlandais U2, Bono et The Edge, ont fait une apparition.

«Quand d'autres divisent, vos bras sont grand ouverts», a déclaré Bono en français, avant de jouer une version acoustique de son succès, «One».

Le Prince Charles rend hommage au Canada

En plus du premier ministre Trudeau et de sa famille, le prince Charles et la duchesse de Cornwall étaient présents aux festivités.

«Le 1er juillet 1867 était, paraît-il, une journée chaude et calme qui augurait fort bien pour une nouvelle génération de Canadiens, a dit le prince Charles en amorçant son allocution. La toile de fond de ces célébrations était la conviction que le Canada pouvait représenter un exemple unique pour le monde entier, fondé sur un idéal de paix, d'ordre et de bon gouvernement.»

Il a ajouté que le Canada était toujours considéré, sur la scène internationale, comme un exemple, notamment en matière de respect des droits de la personne, de maintien de la paix ainsi que de diversité et d'inclusion.

«Aujourd'hui, 150 ans plus tard, nous avons, à nouveau, cette possibilité d'imaginer le chemin à emprunter dans les prochaines années ainsi que les actions à prendre pour forger l'avenir.»

Le gouverneur général s'est pour sa part montré confiant à ce chapitre : «Le Canada est un pays persévérant. C'est comme ça que nous bâtissons un pays meilleur une personne à la fois, un geste à la fois, un jour à la fois, année après année. C'est ce que nous sommes.»

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, avait donné le coup d'envoi aux célébrations.

Elle était précédée par la cantatrice québécoise, Marie-Josée Lord, qui avait entonné l'hymne royal du Canada, «Dieu protège la Reine», et l'hymne national, «Ô Canada».

Buffy Sainte-Marie, Marie-Mai, Laurence Nerbonne et Patrick Watson, ont également offert une prestation.

Même le président des États-Unis, Donald Trump, s'est mis de la partie. Sur Twitter, il a souhaité un bon anniversaire aux Canadiens et à son «nouvel ami», Justin Trudeau.