Le Bloc québécois déplore que dans sa nouvelle politique de défense, le gouvernement libéral ne dise pas un mot sur la place du français dans l'armée canadienne.

Le porte-parole du Bloc québécois en matière de défense, Michel Boudrias, interpelle le ministre de la Défense pour qu'il «corrige la situation qu'il juge inacceptable».

Mercredi dernier, le gouvernement Trudeau a présenté sa nouvelle politique de défense, qui prévoit des investissements plus considérables à long terme, et des objectifs visant à augmenter le nombre de femmes et les groupes sous-représentés dans l'armée, dont les Autochtones et les membres de minorités visibles.

M. Boudrias, lui-même un ancien militaire, salue la volonté du gouvernement de laisser plus de place à ces gens, mais il se désole que rien ne soit annoncé sur le fait français.

La politique de défense du ministre Harjit Sajjan a pour objectif la «création d'un effectif qui tirera profit de la diversité de la société canadienne», mais elle ne mentionne pas spécifiquement les francophones de l'armée.

Le député bloquiste de Terrebonne estime qu'il y a une «disproportion importante» entre le nombre de francophones dans l'armée -qui représentent selon lui environ le quart des militaires- et le nombre d'unités francophones.

«C'est une situation qui ne se corrige pas avec le temps et à l'occasion du renouvellement de la politique de défense, j'ai jugé bon de rappeler le fait français en Amérique du Nord», a-t-il déclaré en entrevue téléphonique.

Mais le Bloc constate que les unités «dites bilingues» sont prédominantes, et qu'elles favorisent l'anglais.

«Moi, ce que je demande, c'est d'avoir notre juste part d'unité dans tous les éléments des forces armées, c'est-à-dire l'armée de l'air, de terre, ainsi que la Marine», a-t-il indiqué.

Le Bloc suggère notamment de fixer un port d'attache sur les côtes du Saint-Laurent «afin de constituer une unité navale régulière de langue française».

«Dans la Marine royale, il n'y a pratiquement aucun navire où la langue française est utilisée à 100%», souligne M. Boudrias, qui dit dénoncer ce que plusieurs «pensent tout bas».

Perturbations au Bloc québécois

Cette semaine, lors du dévoilement de la politique de défense, le Bloc québécois avait d'autres chats à fouetter alors que le caucus a exprimé ouvertement sa grogne sur le comportement de l'ancien chef de cabinet de la chef, Martine Ouellet.

Un article du HuffPost Québec révélait que Louis-Philippe Dubois avait voulu nuire au député et ex-chef par intérim du parti, Rhéal Fortin. Des députés bloquistes ont exprimé leur frustration, après quoi Mme Ouellet a congédié M. Dubois et s'est excusée.

Il semble que les esprits se sont calmés depuis la réunion du caucus jeudi, a assuré M. Boudrias.

«C'était quand même un orage soudain et fort, mais qui s'est quand même dissipé aussi rapidement. Les gens se sont parlé, les gens se sont calmés, ont compris les lacunes et les difficultés qui ont été l'origine de la situation», a-t-il expliqué.

«Il y a encore du travail à faire, mais tout le monde est de bonne volonté autour de la table pour que les choses se fassent», a-t-il conclu.