Le nouveau chef du Parti conservateur Andrew Scheer a multiplié les gestes et les paroles, hier, pour assurer l'unité des troupes conservatrices, quelque 48 heures après avoir remporté une victoire à l'arraché aux dépens de Maxime Bernier au congrès national du parti à Toronto visant à élire un successeur à Stephen Harper.

Après avoir lancé un appel à l'unité à son caucus devant les caméras et souligné les qualités de ses adversaires durant la course à la direction, Andrew Scheer a profité de sa première période des questions en tant que chef de l'opposition officielle pour critiquer le bilan économique du gouvernement libéral de Justin Trudeau.

«Quand j'étais plus jeune, je me souviens des familles comme la mienne qui ont subi les politiques désastreuses des années 70. En moins de deux ans, ce premier ministre mène clairement le Canada sur la même voie avec des dépenses irresponsables, une dette plus élevée et un fardeau fiscal plus lourd. Comme le premier ministre est beaucoup plus vieux que moi, il doit bien se souvenir de cette période difficile», a notamment lancé le chef conservateur en posant sa première question.

M. Scheer a par la suite donné à chacun de ses anciens rivaux ayant un siège aux Communes l'occasion de se faire valoir en attaquant les politiques des libéraux.

Les Maxime Bernier, Kellie Leitch, Steven Blaney, Erin O'Toole, Michael Chong, Brad Trost et Lisa Raitt ont donc pu se lever à tour de rôle aux Communes, après M. Scheer, pour projeter l'image d'un parti uni qui parle d'une seule voix sur des enjeux comme les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, la taxe sur le carbone, ou encore les allégations de favoritisme touchant la création de la Banque de l'infrastructure du Canada ou la nomination contestée de Madeleine Meilleur à titre de nouvelle commissaire aux langues officielles.

«La plus belle période de questions»

«C'était magnifique», a lancé le député conservateur de la région de Québec Gérard Deltell, qui avait appuyé Erin O'Toole durant la course à la direction. «Ç'a été fort probablement la plus belle période de questions à laquelle j'ai assisté. Ça démontre plus que jamais que le parti est uni, que le chef va travailler avec tous les députés et particulièrement ceux qui ont eu le courage, l'honneur et la dignité de se présenter dans cette course», a-t-il ajouté.

Selon des informations obtenues par La Presse, le député Maxime Bernier a indiqué de manière on ne peut plus claire durant la réunion du caucus, derrière les portes closes, qu'il avait tourné la page sur la course à la direction, malgré la douloureuse défaite qu'il a encaissée samedi. «During the campaign, I was Mad Max. But today, I am Max. I am not mad. [Durant la campagne, j'étais Mad Max. Mais aujourd'hui, je suis Max. Je ne suis pas fâché]», a lancé le député de Beauce à ses collègues, qui l'ont chaudement applaudi, selon une source conservatrice.

M. Scheer a remporté la victoire au 13e tour de scrutin avec 51% des voix, alors que Maxime Bernier, qui avait été en tête durant les 12 tours précédents, a recueilli 49%. M. Scheer, qui est député de Regina-Qu'Appelle depuis 2004, a réussi à se hisser au premier rang au dernier tour en tirant largement profit de la mobilisation des agriculteurs qui s'opposent à l'abolition de la gestion de l'offre - une des promesses phares de M. Bernier - et en obtenant une large part des appuis des militants conservateurs opposés à l'avortement.

Depuis la victoire de M. Scheer, les libéraux ont fait leurs choux gras des convictions personnelles du nouveau chef conservateur, qui s'oppose à l'avortement et a voté contre la reconnaissance des mariages gais dans le passé. Plusieurs groupes qui s'opposent à l'avortement ont d'ailleurs salué la victoire de M. Scheer.

Mais M. Scheer a insisté à plusieurs reprises durant la campagne à la direction et depuis sa victoire sur le fait qu'il n'a pas l'intention de relancer les débats sur ces enjeux d'ordre moral qui divisent la population.