Le gouvernement fédéral rappellera 200 employés supplémentaires au travail pour tenter de régler une bonne fois pour toutes les problèmes du système de paie Phénix. Ces employés s'ajouteront aux 300 employés déjà recrutés.

Ces embauches nécessiteront une dépense de 142 millions au cours des deux prochaines années.

«Nous savons à quel point il est difficile de réembaucher ceux qui ont été renvoyés par le gouvernement précédent», a indiqué le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Steven MacKinnon.

Lors d'un point de presse, il n'a pas manqué de blâmer le gouvernement de Stephen Harper pour les problèmes de paie vécus par des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux depuis un an.

Le système de paie Phénix, élaboré en 2009 sous le gouvernement conservateur, devait permettre d'économiser 70 millions par année, mais son implantation en février 2016 a connu son lot de ratés.

«Il s'agit d'une implantation de technologie d'information qui a été faite complètement à l'envers», a-t-il dit.

«Si vous considérez que le gouvernement précédent a adopté une nouvelle technologie, qu'ils ont éliminé les mêmes personnes auxquelles on devait se fier pour implanter cette nouvelle technologie, nous avons ici une situation fort prévisible avec le recul, a-t-il ajouté. Ils auraient pu observer qu'ils n'avaient pas les effectifs requis.»

Steven MacKinnon a souligné que 700 emplois liés au traitement de la paie avaient précédemment été éliminés. Les ministères qui ont perdu le plus grand nombre de ces emplois sont ceux qui connaissent le plus grand nombre de problèmes liés à Phénix, a-t-il affirmé.

Le gouvernement déboursera finalement plus d'argent pour faire fonctionner ce nouveau système que les économies anticipées parce qu'il doit reconstruire la capacité de la fonction publique à gérer le système de paie.

Les 200 employés supplémentaires devraient aider le gouvernement à gérer les embauches d'étudiants durant la saison estivale et la gestion des conventions collectives.

«Le nombre final de conseillers dépendra du nombre de personnes qui voudront revenir et de notre capacité à recruter», a reconnu Steven MacKinnon.

Ils seront répartis au centre de paie situé à Miramichi, à Gatineau et dans d'autres bureaux satellites.

Le gouvernement fera appel aux retraités, aux syndicats et aux gestionnaires de ressources humaines pour parvenir à ses fins. Les postes à combler ne seront pas permanents.

Trop peu, trop tard

Ce recrutement risque d'être difficile, selon l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC). Ce syndicat représente 45 000 fonctionnaires.

«Ce sont des employés qui ont été mis à la porte ou poussés à la retraite en 2012, donc ce ne sont pas des gens qui sont très intéressés et en bonne relation avec leur ancien employeur», a remarqué le vice-président national de l'IPFPC, Stéphane Aubry.

Le syndicat accueille favorablement l'ajout de ces ressources, mais estime que le gouvernement aurait pu bouger plus rapidement.

«Malheureusement, on trouve que c'est tard, a affirmé Stéphane Aubry. Les problèmes ont commencé il y a presque un an et demi et, dès le début, on avait encouragé le gouvernement à mettre plus de ressources.»

Les 142 millions annoncés mercredi s'ajoutent aux 50 millions que le gouvernement a déjà alloués en 2016 pour régler les problèmes de Phénix.

Au plus fort de la crise, jusqu'à 82 000 fonctionnaires fédéraux ont été touchés à des degrés divers. Certains n'ont pas reçu suffisamment d'argent, d'autres trop, et certains n'étaient pas payés du tout. Une situation qui a parfois perduré pendant des mois.

Phénix devait permettre de moderniser le système de paie des fonctionnaires fédéraux.