Edward Snowden a lancé un appel dans une vidéo diffusée sur YouTube mercredi pour exhorter la population à contacter le ministre de l'Immigration du Canada et le presser d'accorder l'asile à sept individus qui ont hébergé le lanceur d'alerte lorsqu'il s'est réfugié à Hong Kong en 2013.

Les demandes d'asile de ces sept individus originaires du Sri Lanka et des Philippines ont été rejetées vendredi dernier par le département d'immigration de Hong Kong.

En janvier, leurs avocats avaient présenté une demande pour obtenir le statut de réfugié auprès du gouvernement du Canada, afin qu'il les empêche de retourner dans leurs pays où, disent-ils, ils risquent d'être emprisonnés et persécutés. Ces trois familles s'établiraient vraisemblablement à Montréal, où un organisme sans but lucratif a été créé afin de les parrainer.

« Chaque organisation des droits de la personne a les yeux tournés vers ce dossier, mais ce n'est pas suffisant », a déclaré le lanceur d'alerte Edward Snowden dans la vidéo.

« Si nous voulons protéger ces familles, nous avons besoin de votre aide. Donc s'il-vous-plaît, si vous regardez ceci, si vous êtes préoccupés de quelque manière que ce soit, appelez le ministre de l'Immigration du Canada, Ahmed Hussen, ou le consulat du Canada à Hong Kong, ou le gouvernement de Hong Kong lui-même. Et demandez-leur d'aider ces gens. De leur dire : écoutez, peu importe la politique, peu importe ce qui est arrivé ici, c'est une question de protéger la vie de ces personnes », a-t-il poursuivi.

« N'ayez pas peur d'appeler. Parce que si on attend, qu'on ne soit pas certain, on va tous se demander pourquoi nous n'en avons pas fait davantage », a-t-il conclu, avant que les coordonnées du ministre canadien Ahmed Hussein apparaissent à l'écran.

Les personnes visées sont les Srilankais Ajith Pushpakumara, Supun Kellapatha, sa femme Nadeeka Dilrukshi Nonis et leurs deux enfants, de même que Vanessa Mae Rodel, originaire des Philippines, et sa fille.

Ces familles sont arrivées à Hong Kong à des moments différents (2002, 2005 et 2008), et elles ne se connaissaient guère jusqu'à 2013, lorsque durant deux semaines elles ont à tour de rôle hébergé Edward Snowden.

M. Snowden, un ancien contractuel de la National Security Agency, est arrivé à Hong Kong en mai 2013 avec en main des documents sur les pratiques de surveillance de la population par la NSA et ses partenaires internationaux. Ces renseignements ont eu l'effet d'une bombe lorsqu'ils ont été révélés pour la première fois dans des reportages du Washington Post et du Guardian le mois suivant. M. Snowden est toujours recherché par les autorités américaines.

« Le mot d'ordre à Hong Kong, c'est que nos clients sont refusés. C'est donc dire qu'ils peuvent être détenus à n'importe quel moment par les autorités », craint Michael Simkin, l'un de leurs avocats montréalais, au cours d'une conversation téléphonique mercredi.

Me Simkin a précisé que ses clients ont encore une dizaine de jours pour porter la décision de la semaine dernière en appel, ce qu'ils ont l'intention de faire. 

« Techniquement, ils ne devraient pas être déportés avant que la période d'appel soit expirée - quoique ça s'est déjà fait. Ils n'ont pas de pouvoir de rester sur le territoire même s'ils sont en appel de décision », a-t-il expliqué.

L'avocat estime qu'il s'agit d'une situation gênante pour les autorités de Hong Kong, qui souhaitent se débarrasser de cette situation le plus rapidement possible, pour éviter que l'attention internationale se tourne vers le traitement des réfugiés dans la région.

Dans la vidéo, Edward Snowden mentionne d'ailleurs les procédures ont été mystérieusement accélérées depuis quelques mois.

Michael Simkin n'a toutefois aucune illusion quant au sort de cet appel. « On sait que la conclusion est déjà écrite. Il n'y aura pas de surprise », dit-il. Il place plutôt ses espoirs dans la procédure canadienne qui, il l'espère, aboutira rapidement.

- Avec Audrey Ruel-Manseau