Les fonctionnaires fédéraux victimes des erreurs de Phénix pourront se faire rembourser leurs frais de comptable et les ministères pourront rappeler des employés du service de la paye qui avaient été mis à pied, a annoncé Ottawa jeudi.

Le cabinet du premier ministre a aussi annoncé la création d'un Groupe de travail ministériel chargé «d'atteindre la stabilité du système de paye» Phénix. On ne précise toutefois pas d'échéancier pour régler une fois pour toutes ces problèmes récurrents. Le comité ministériel spécial sera présidé par le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale.

Le gouvernement fédéral admet par ailleurs qu'il devra renoncer aux économies de 140 millions $ que l'on prévoyait réaliser en deux ans grâce à la mise en place de cette technologie.

À quelques jours de la date butoir pour la production des déclarations de revenus, les fonctionnaires victimes d'erreurs du système ont reçu l'assurance du Conseil du Trésor qu'ils pourront être remboursés jusqu'à concurrence de 200 $ pour tout service de conseillers fiscaux que nécessite leur situation particulière en 2016 et en 2017. Ce remboursement pourrait même être supérieur sur présentation d'une facture d'honoraires, a indiqué une source au sein du gouvernement.

Le gouvernement fédéral a commencé le mois dernier à envoyer les feuillets d'impôt à plus de 290 000 employés de 98 ministères et agences. Mais Ottawa a dû émettre jusqu'à 50 000 nouveaux feuillets T4 à cause des erreurs du système en 2016.

Le système Phénix a commencé à déraper peu de temps après sa mise en service, il y a bientôt 15 mois. À un certain moment, jusqu'à 82 000 fonctionnaires fédéraux ont été touchés, à des degrés divers: des employés n'ont pas reçu suffisamment d'argent, d'autres trop, et certains n'étaient pas payés du tout - parfois pendant des mois.

Le 5 avril, le ministère des Services publics et de l'Approvisionnement, responsable de Phénix, annonçait qu'il avait réussi à stabiliser le nombre de dossiers en attente de traitement à 284 000, mais on ne prévoyait pas de solutions à court terme.

Le premier ministre Justin Trudeau avait jusqu'ici jeté le blâme sur les coupes effectuées par le précédent gouvernement conservateur dans les effectifs et la formation du personnel. M. Trudeau a promis jeudi que le Groupe de travail «renforcera les mesures déjà en place et veillera à ce que nous respections l'engagement que nous avons pris devant la fonction publique de régler les problèmes qui ont touché les employés».

Outre M. Goodale, le Groupe de travail sera composé du président du Conseil du Trésor, du ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, de son secrétaire parlementaire, ainsi que du ministre des Finances et de la ministre de l'Environnement.

L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC), qui représente quelque 55 000 scientifiques et professionnels du secteur public fédéral, s'est dit satisfait de cette initiative.

«Cette annonce montre que le gouvernement prend finalement au sérieux la gravité des problèmes de nos membres», a déclaré la présidente de l'IPFPC, Debi Daviau, dans un communiqué.

Le regroupement se demande toutefois si le gouvernement «saura efficacement contrôler les erreurs de paye dans l'avenir».