Le gouvernement Trudeau s'est fait taxer d'« hypocrisie » à plusieurs reprises, hier, après avoir déposé mardi soir un projet de loi « omnibus » de 300 pages sur le dernier budget fédéral, qui aborde une trentaine de sujets apparemment sans lien entre eux, comme la justice, l'immigration ou les eaux navigables.

Pendant sa campagne électorale, Justin Trudeau s'était engagé à réglementer le recours aux projets de lois omnibus, procédure « qui vise à faire adopter une ou plusieurs lois et/ou à abroger ou modifier une ou plusieurs lois déjà existantes », selon la définition de la Bibliothèque du Parlement. M. Trudeau accusait les conservateurs de Stephen Harper de recourir trop souvent à cette tactique jugée peu démocratique.

Or, selon ses détracteurs, le gouvernement libéral a rompu cette promesse avant-hier en déposant son imposant projet de loi sur le budget fédéral, qui va dans de nombreuses directions.

« Le projet de loi de la mise en oeuvre du budget change pas moins de 30 lois existantes, de l'immigration à la justice en passant par la protection de la navigation, a lancé le député néo-démocrate Alexandre Boulerice. Du même souffle, on privatise nos infrastructures, on prévoit des péages, on coupe le crédit d'impôt sur le transport en commun et on garde les privilèges fiscaux des PDG. »

Gérard Deltell, porte-parole conservateur en matière de finances, estime lui aussi que le projet de loi C-44 sur le budget peut sans contredit être qualifié d'omnibus. « Mettez-le sur la pile très longue des promesses brisées du gouvernement libéral. C'est typiquement libéral : les libéraux disent une chose et font le contraire. C'est encore une démonstration qu'ils vivent dans leur monde imaginaire à eux. »

TRUDEAU SE DÉFEND

Le premier ministre, qui était aussi accusé de toutes parts d'avoir menti sur ses vacances dans l'île privée de son ami l'Aga Khan, a dû se défendre à plusieurs reprises au sujet du projet de loi C-44, hier.

« Nous sommes engagés à ne mettre dans un projet de loi pour un budget que des choses qui sont traitées dans le budget et qui font partie du plan économique de ce pays, a dit Justin Trudeau à la Chambre des communes. C'est exactement ce que nous faisons. Nous n'allons pas abuser des projets de loi omnibus, comme l'ancien gouvernement le faisait. »

Plus tôt en journée, le ministre des Finances Bill Morneau a nié que le projet de loi C-44 soit « omnibus ».

Le projet de loi, présenté tard mardi soir aux députés à Ottawa, confirme par ailleurs la création de la Banque de l'infrastructure du Canada. Il viendra aussi modifier le rôle du directeur parlementaire du budget, un changement qui a suscité de nombreuses interrogations parmi les partis de l'opposition, hier.